Au tribunal de Paris, la 23e chambre est celle des comparutions immédiates. On y traite à la chaîne la petite délinquance urbaine, on y entend souvent les mots « vol » et « stupéfiants » ; on n’y parle pas toujours français et on la quitte souvent pour remplir les prisons. Récit d’un après-midi de janvier. Les trente muscles faciaux du visage peuvent produire trois mille expressions porteuses de sens. À la 23e chambre, aucune de ces expressions n’est visible. En janvier 2021, dans la France de l’état (...)
Pandémie oblige, c’est désormais uniquement par internet que les étrangers doivent adresser leurs demandes aux préfectures. Sauf que les réponses de l’administration sont rares. Déjà malmené d’ordinaire, leur accès aux droits subit de nouvelles entraves. Cas pratique dans les Bouches-du-Rhône, fin janvier 2021. Fini, les interminables files d’attente nocturnes dans la rue Saint-Sébastien pour accéder au service des étrangers de la préfecture de Marseille à la première heure. Depuis juillet, pour éviter (...)
Pour éviter les dégâts humains causés par le système pénal ou simplement pallier certaines de ses insuffisances, de nouvelles formes de justice ont éclos dans le monde anglo-saxon. Souvent basés sur un dialogue impliquant l’auteur des violences, la victime et leurs proches, ces modèles visent à « guérir » les uns comme les autres, à « restaurer » les liens sociaux brisés voire à transformer le contexte social ayant permis l’agression. Explications avec l’universitaire Gwenola Ricordeau, qui milite de longue (...)
Dans la région du sertão, au nord-est du Brésil, le peuple autochtone des Pankararu résiste aux pressions pour continuer à occuper librement ses terres, spoliées pendant la colonisation portugaise. Au terme d’une lutte acharnée, les Pankararu ont finalement réussi à faire reconnaître par l’État brésilien leurs droits sur une partie de leur territoire d’origine. Ils restent pourtant menacés par les anciens occupants des terrains, confortés par l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro et l’inaction des (...)
Pourquoi les pauvres et les immigrés sont-ils si nombreux en prison ? Tentative de réponse à l’aune des sciences sociales. Parmi les détenus incarcérés en 2014, plus de 43 % n’avaient aucun diplôme. Et 76 % ne dépassaient pas le niveau CAP . En clair : les prisons françaises sont remplies de personnes socialement défavorisées. Autre réalité : en 1999, 30 % des détenus avaient un père né en Afrique, contre 7,6 % dans la population générale . Et au 1er janvier 2018, plus de 20 % des prisonniers étaient (...)
Les Navajos, plus grande nation amérindienne des États-Unis, ont mis en place à partir des années 1980 une justice inspirée de celle qui avait cours avant la colonisation. Ici, plutôt que punir, on tente via le peacemaking de réparer les torts et de restaurer les relations brisées. Lorsqu’on laisse dans son dos la ville de Flagstaff (Arizona) et que l’on emprunte la route 89 qui mène tout droit jusqu’à Tuba City, on remarque à peine, au niveau de Gray Mountain, le panneau « Now entering Navajo Nation » (...)
Qu’est-ce que punir ? Pourquoi punir ? Qui punit-on ? En 2017, le sociologue Didier Fassin tentait de répondre à ces questions dans un stimulant essai, Punir : une passion contemporaine. Mettant les théories de la peine à l’épreuve d’observations ethnographiques, il critiquait sévèrement le « moment punitif » que nous vivons depuis une quarantaine d’années : une époque où l’obsession pour le châtiment a engendré une augmentation colossale – et discriminatoire – de la population carcérale, alors même que la (...)
Camionneur à la retraite, John Marcotte a milité au sein d’un courant marxiste humaniste influencé par l’intellectuel caribéen C.L.R. James. Depuis l’an dernier, il nous envoie régulièrement d’outre-Atlantique ses analyses sur une nation gangrenée par le racisme depuis ses origines. Ce mois-ci, il revient sur l’invasion du Capitole le 6 janvier dernier. Un événement inscrit selon lui dans la continuité de l’histoire de la domination blanche aux États-Unis. Une évidence : ce suprématisme blanc n’a rien de (...)
L’hiver froid et humide n’y change rien : plusieurs fois par semaine, les préfectures du Nord et du Pas-de-Calais font démanteler des campements de migrants, détruisant leurs tentes voire leurs effets personnels. Des opérations indignes que les forces de l’ordre tentent de cacher : à plusieurs reprises, le photographe Louis Witter et le journaliste Simon Hamy se sont vu refuser l’accès aux lieux. Pour pouvoir couvrir ces incessantes expulsions, les deux reporters ont déposé un référé-liberté auprès (...)
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