Au sommaire du n° 211

Dans ce numéro d’été à visage psychotropé, un long et pimpant dossier « Schnouf qui peut » qui se plonge dans nos addictions, leurs élans et leurs impasses. Mais aussi : un reportage sur la Bretagne sous le joug d’une gentrification retorse, une analyse du quotidien de sans-papiers vivant « sous la menace », le récit d’une belle occupation d’usine à Florence, des jeux d’été bien achalandés, des cuites d’enfer, la dernière chronique « Je vous écris de l’Ehpad », des champignons magiques gobés avec des écrivains...

Quelques articles seront mis en ligne au cours du mois. Les autres seront archivés sur notre site progressivement, après la parution du prochain numéro. Ce qui vous laisse tout le temps d’aller saluer votre marchand de journaux ou de @|LIENaecf5e1|W3ZvdXMgYWJvbm5lci0+NF0=|@...

En couverture : « Vive la défonce ! (Mais demain j’arrête) », de Jérémy Boulard le Fur

Actualités d’ici & d’ailleurs

 Au procès du « viol du 36 », misogynie fait loi – Condamnés en 2019 pour viol en réunion, deux policiers du 36, quai des Orfèvres viennent d’être acquittés en appel. De nombreuses féministes dénoncent le sexisme crasse qui a motivé la décision et s’alarment que les leçons du mouvement MeToo n’aient pas été assimilées par l’institution judiciaire. Le début d’un retour en arrière ?

Illustration La Force Née

 « Des Bretons vent debout face à la crise du logement » – Confrontés à la flambée des prix de l’immobilier, aux résidences secondaires qui pullulent et à un parc locatif gangrené par Airbnb, de nombreux Bretons galèrent à se loger. Une tendance qui, à moins d’être enrayée par une politique volontariste, n’est pas près de s’inverser. Mais collectifs et organisations politiques préparent la riposte.

 « L’irrégularité enferme les sans-papiers dans une position de fragilité » – Ces dernières années, nombre de travaux sur l’exil se sont concentrés sur les parcours migratoires. Cette préoccupation nécessaire en a éclipsé une autre, qui fut longtemps un important cheval de bataille de la gauche : la question des personnes arrivées à bon port, qui attendent souvent pendant plusieurs années leur régularisation. Entretien avec le chercheur Stefan Le Courant, qui vient de publier Vivre sous la menace – Les Sans-papiers et l’État.

 « Ces arrestations spectaculaires sont vouées à semer la peur » – Arrêtée il y a un an et demi, avec huit autres personnes, pour une fumeuse histoire d’ » association de malfaiteurs terroristes », Camille a passé plusieurs mois en détention provisoire. Elle raconte les méandres du combat qu’elle mène contre l’arbitraire d’un pouvoir autoritaire – du point de vue d’une femme, évidemment invisibilisée. Entretien.

 C’est bien, c’est chouette, chez Josette – Dans l’imaginaire collectif, la préfecture des Ardennes, Charleville-Mézières, ne transpire pas exactement la joie et l’enthousiasme. Ce sont pourtant ces mots-là qui nous viennent en tête en sortant de Chez Josette. Lancé il y a quelques années par une équipe de joyeux pirates, ce café-librairie associatif est un concentré d’ » utopies réalistes » – comme dirait un Jeune avec Macron.

 Dans les asiles de la Seconde Guerre mondiale : « La patiente se lamente : “J’ai faim, j’ai faim” » – Les personnes en souffrance psychique n’ont pas été épargnées par la Seconde Guerre mondiale. En France, entre 1940 et 1944, le gouvernement de Vichy a littéralement laissé crever de faim 45 000 « aliéné·es », dans l’indifférence générale. Le documentaire La Faim des fous (2018) lève le voile sur cet épisode honteux de l’histoire. Un seul lieu échappe à cette hécatombe : à l’asile de Saint-Alban, en Lozère, on ne meurt pas de faim. On y invente même une autre façon de faire de la psychiatrie, que documente Les Heures heureuses (2019).

 Quand les machines se taisent – Le 9 juillet, il y aura un an que dans la banlieue de Florence (Italie), les ouvriers de GKN occupent leur usine automobile menacée de fermeture suite à son rachat par un fonds d’investissement. Basé sur l’auto-organisation, le mouvement s’est fédéré autour d’un collectif ayant à cœur de jeter des ponts entre différentes luttes. Reportage.

Dossier « Vive la défonce ! (Mais demain j’arrête) »

 Schnouf qui peut ! – Introduction de ce dossier consacré aux différents visages du monstre répressif hexagonal, qui a beau faire : il ne coupe pourtant pas les élans des militant.es.

 Drogués de tous les pays, unissez-vous ! – Poussés par la nécessité d’agir face à l’épidémie de sida des années 1980, les militants de la réduction des risques ont fait preuve d’un pragmatisme vital pour dépister et accompagner les usagers de drogue injectable. Il aura fallu la mort de nombre d’entre eux et un combat de longue haleine pour revoir le modèle de soin en addictologie et faire évoluer les représentations des usagers de drogues, quelles qu’elles soient.

Illustration d’Andro Malis

 Techno + : rien n’arrête un peuple qui panse – Entre répression effrénée et Covid sabreur de teufs, le monde de la free party et de l’utopie techno, animé par l’imparable slogan « Rien n’arrête un peuple qui danse », sort d’une période plutôt sombre. Touché, mais pas coulé : dans le sillage de l’association Techno+, fondée en 1995, une nouvelle génération porte haut le flambeau de la réduction des risques en matière de drogues.

 Boire sans déboires – Hexagone, terre de picole ? Oh que oui. Mais souvent sous le masque plus présentable d’un certain « art de vivre ». Il faut savoir boire dans les glous clous. Ceux dont la consommation est moins maîtrisée se voient stigmatisés et sommés de rompre avec l’alcool sous peine d’exclusion. Depuis quelques années se développe heureusement une approche centrée sur la réduction des risques, plus humaine et prenant en compte les parcours des usagères et usagers. À Marseille, c’est l’association Santé ! qui porte ce combat depuis 2014.

 Consommer à l’abri – Une salle de consommation à moindre risque, en plein Paris. Le genre de lieu tellement utilisé comme épouvantail par la classe politique qu’on en oublierait presque son rôle réel. À savoir soigner des usagers de drogues, les accompagner et a minima ne pas les abandonner. Ce que donne à voir le documentaire Ici je vais pas mourir.

Illustration de Pole Ka

 La boutanche au féminin – Qu’ont-elles à dire, les femmes qui boivent  ? En s’interrogeant sur sa propre consommation et en partant à la rencontre de celles qui arrêtent comme de celles qui savourent encore, la réalisatrice sonore Juliette Boutillier a ausculté pour France Culture ces pratiques et leurs stigmates.

 La parole est à la défonce – En matière de drogues, toute expérience est singulière. Quel que soit le produit, chacun, chacune y vient et le consomme à sa manière. Voilà ce que racontent les récits intimes qui suivent, récoltés auprès de personnes de notre entourage : des histoires de conso – passée ou présente – et les raisons qui y ont poussé les unes et les autres. Si on a choisi de faire figurer ici alcool et antidépresseurs, c’est qu’à CQFD, l’idée selon laquelle il y aurait des drogues plus propres que d’autres nous paraît bien hypocrite. Place aux mots des premières et premiers concernés.

 Petit abécédaire halluciné de la guerre contre la drogue – Où il est question, pêle-mêle, d’empoisonnement au LSD par la CIA, de soldats du IIIe Reich défoncés à la pervitine, de banques qui blanchissent, de plantes interdites… Et de la vaste hypocrisie de la politique répressive.

 Pyrénées : l’ascension cannabique – Alors que les « go fast » – cette technique consistant à transporter les drogues illégales à grande vitesse – cristallisent l’attention des médias, nombre d’usagers ou de petits « contrebandiers » traversent chaque jour la frontière franco-espagnole avec de l’herbe. Tout un réseau de routes et de pratiques qui permet d’enjamber les limites du tout-répressif français.

 J’ai mangé des psilos avec Artaud et Michaux – Drôle d’endroit pour une rencontre. Dans un vallon du Vercors, deux poètes échangent sur leurs usages des drogues. Nous étions là. L’affaire est étonnante : tous deux sont morts, respectivement en 1948 et 1984. Hallucination, dites-vous ?

 GHB : un regard calme sur vos défenses qui tombent – En vacances à New York, l’autrice de ces lignes et une de ses amies ont été droguées au GHB par un gérant de bar. Elle raconte ici son expérience de la soumission chimique et les trésors de ressources qu’il leur a fallu mobiliser pour échapper à une agression sexuelle préméditée. Traversant toute cette histoire : la culture du viol.

Côté chroniques & culture

 Putain de chronique #9 : « Entre mes lignes » – Yzé Voluptée est travailleuse du sexe. Elle est à la fois escort, camgirl, réalisatrice et performeuse porno-féministe. Elle chronique dans ces colonnes son quotidien, ses réflexions et ses coups de gueule. La réalité d’Yzé n’est pas celle des personnes exploitées par les réseaux de traite ou contraintes par d’autres à se prostituer. Son activité est pour elle autant un moyen de subsistance qu’un choix politique.

 Je vous écris de l ’Ehpad / Épisode 20 : « Vous allez me manquer ! » – Dernier épisode de la chronique de Denis L., qui nous a livré chaque mois depuis vingt numéros des fragments de son quotidien d’auxiliaire de vie dans un Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) public.

 Cap sur l’utopie : Fais ce que veulx ! – Vous vous sentez un peu flapi ? En ni une ni deux, courez chiper dans une quelconque Fnac la réédition en Poche, parue à l’Échappée en mai dernier, de l’extraordinaire Ringolevio (1972) : l’autobiographie volcanique du génial digger Emmett Grogan.

 La voix d’un prolétaire colonisé – En pleine guerre d’Algérie, Ahmed, ouvrier algérien rebelle, « raconte sa vie » dans la revue marxiste Socialisme ou barbarie. Les éditions Niet ! rééditent son témoignage, qui remet en perspective la dimension socio-économique de la lutte indépendantiste.

Et aussi...

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CQFD n°211 (juillet-août 2022)

Dans ce numéro d’été à visage psychotropé, un long et pimpant dossier « Schnouf qui peut » qui se plonge dans nos addictions, leurs élans et leurs impasses. Mais aussi : un reportage sur la Bretagne sous le joug d’une gentrification retorse, une analyse du quotidien de sans-papiers vivant « sous la menace », le récit d’une belle occupation d’usine à Florence, des jeux d’été bien achalandés, des cuites d’enfer, la dernière chronique « Je vous écris de l’Ehpad », des champignons magiques gobés avec des écrivains...

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