Livres : Le sport des camarades

Pour fêter son 80e anniversaire, la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) a eu l’heureuse idée de publier un beau livre avec les éditions La Ville brûle. Si vous n’êtes pas né en banlieue rouge, cet acronyme ne vous dira peut-être rien. Il s’agit d’une fédération omnisport qui se fixe pour but la «  formation d’un sportif émancipé et citoyen, et considère la pratique sportive comme essentielle dans la construction de la personne ». Concrètement, elle compte encore 270 000 adhérents. Relais du PCF pendant des décennies, elle est le reflet, pour le meilleur et pour le pire, de la vision communiste municipale du sport.

Flash-back, 1907. À l’initiative de quelques militants de la SFIO est constituée l’Union sportive du Parti socialiste. Elle s’assigne trois missions  : hygiénisme, prosélytisme, récréation. Centres de distraction pour la classe ouvrière, les clubs se veulent aussi des centres de propagande et de recrutement : le sport travailliste français est né. Il s’agit d’extraire les jeunes prolétaires des griffes des clubs des patrons catholiques.

Avec la scission du mouvement ouvrier en 1920-1921 naissent deux fédérations, l’une socialiste (l’USSGT), l’autre liée au PCF (FST), cette dernière s’illustrera par exemple lors d’un match de football contre l’AS-Roma, le 29 décembre 1929, qui se transforme en happening des antifascistes italiens réfugiés en France.

En décembre 1934, conséquemment à la mise en place des politiques de rassemblements populaires, le mouvement sportif se réunifie et donne naissance à la FSGT. Dès lors, le mouvement sportif travailliste embrasse tous les combats du Parti  : grèves de 1936, Résistance (Marcel Rayman, du groupe Manouchian, était membre du Yask, le club yiddish de la FSGT). L’organisation du Paris-Roubaix, les compétitions d’athlétisme et de gymnastique, les tournois de lutte féminine, les matchs de football (la discipline reine) sont autant de moments dédiés à l’affirmation des mots d’ordre « Pain, paix, liberté », « Paix et amitié entre les peuples ».

À l’instar du PCF, la FSGT atteint son apogée durant les Trente Glorieuses, se livre à des échanges sportifs avec les pays frères du bloc de l’Est et peine à se déstaliniser. Les années 1980 sont celles de la lutte anti-apartheid et des nombreux tournois de football estampillés « Nelson Mandela ». Se met également en place un partenariat durable et concret avec la Palestine, qui se poursuit aujourd’hui. Un ouvrage inédit, à la très riche iconographie, qui permet de revisiter l’histoire sociale du XXe siècle d’un point de vue sportif.

La FSGT, du sport rouge au sport populaire. La Ville brûle, 2014.

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