Ça brûle

Il est où le virus, il est où ?

C’est étrange, quand même, presque absurde. À l’heure où ces lignes sont martelées bruyamment sur un clavier hors d’âge, alors que le local du Chien Rouge aborde la dernière ligne droite d’un bouclage frénétique, on vient juste de se rendre compte que ce numéro n’aborde quasiment pas la brûlante question du Covid. Oh, il y a bien quelques mentions du virus de-ci de-là, au détour d’un papier ou d’une chronique, mais aucune tentative de prendre à bras- le- corps la désastreuse situation sanitaire et politique actuelle. Comme si, après lui avoir consacré deux dossiers lors du confinement, on ne savait plus quoi en dire. Pourtant, le constat n’a pas changé, bien au contraire : ce foutu virus reste plus que jamais une épée de Damoclès planant au-dessus de nos têtes. Il a colonisé tous nos espaces de vie (et de pensée) : des rues masquées aux bars fermés, de nos potes infirmières lessivées au blabla des politicard(e)s sur France Info, de nos discussions éthyliques à nos projections d’avenir, Mister Corona étend mollement son empire, jour après jour. Et nous, on n’arrive pas à avoir prise sur lui.

CQFD n’a jamais eu pour ambition d’être un journal d’actualité. Traiter les sujets à chaud n’est pas notre came, tant on préfère prendre du recul, aborder les thèmes qui nous tiennent à cœur – et notamment les luttes sociales – sur le temps long. Ceci dit, on tient également à avoir les pieds dans le présent, à batailler sur le front contemporain. Sinon, à quoi bon se démener pour sortir un canard de combat ?

Mais là, que dire, que faire, dans quelle étagère ? Les idées se succèdent, toutes plus embrouillées et contradictoires. Il y a, d’un côté, l’envie d’ôter le masque, de crier au monde qu’on a besoin de respirer, de se toucher, de faire la fête – l’être humain est un animal grégaire, bordel. Et puis il y a la conscience que la catastrophe guette, que des proches ou des inconnus risquent de passer l’arme à gauche, possiblement à cause de nous. Il y a, aussi, la rage persistante contre le gouvernement et sa gestion erratique de la crise, ses mensonges répétés, sa manière de tout en visager par le prisme de la répression. Et puis l’impression d’un grand désert se déployant autour de nous. Où sont les manifs ? Les horizons de lutte ? Les assemblées déter’ ? S’il y a moins de deux ans, l’Hexagone flambait jaune, aujourd’hui il clapote dans un mélange de résignation et d’autoritarisme qui nous donne envie de tout lâcher pour aller élever des lamas dans le Béarn.

Je te vois venir, lecteur. Tu vas me dire, holà, gamin, ce « Ça brûle » est bien sombre. Et t’auras pas tort, gros(se). Il faut regarder les choses en face : on a comme un coup de spleen. Ça arrive même aux meilleurs...

Cependant, tadam, parce qu’au Chien Rouge on n’est pas à un paradoxe près et qu’on aime les retournements de situation, on a plein de bonnes nouvelles à annoncer. D’abord le lancement d’un nouveau site web tout beau tout neuf tout magnifique d’ici la fin de l’année (Pierre, tu déchires ta race). Ensuite la publication aux éditions du Chien Rouge, le 13 novembre, d’un roman social à coloration Gilets jaunes de l’ami Sé bas tien Navarro – Péage sud que ça s’appelle, et c’est beau comme un radar qui brûle. Et puis le débarquement fracassant au comité de rédac’ de Fred, ambianceur de dance floor et correcteur d’élite. Enfin, last but not least, cette résolution proclamée à la face de ce crétin de monde de merde : pas question de se laisser abattre. Nique sa mère le virus, et aussi son père. Quant aux macabres pitres aux commandes, on les enjoint à jeter un coup d’œil à leur rétro.

Et à s’interroger :

— Diantre, ne serait-ce pas un Chien Rouge qui galope à notre poursuite, toutes babines sorties, les crocs luisants ?

— Mais si !

— Et il se rapproche, l’animal !

— Wouf.

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