Brèves du n° 109

Tasse de thé

Le 1er mars, la cour d’appel d’Aix-en-Provence a annulé le plan de sauvegarde de l’emploi bricolé par Unilever et destiné à se débarrasser des salariés de Fralib d’Aubagne. C’est la troisième fois que l’industriel est ainsi renvoyé dans les cordes, et ceci pour la plus grande satisfaction des salariés en lutte depuis maintenant presque 900 jours contre la multinationale. Leur projet : créer une coopérative et reprendre une activité en lien avec des producteurs de plantes au niveau local. « On a gagné la demi-finale, maintenant on va préparer la finale », lance un délégué CGT, pendant que le secrétaire du comité d’entreprise affirme : « On est en train de marquer l’histoire sociale de notre pays. » On en redemande !

À visages découverts

Deux ans après les premières manifestations, le 14 février, des opposants ont de nouveau occupé les rues de Manama, la capitale du Bahrein. Malgré les milliers d’arrestations et les centaines de manifestants abattus ou blessés par les forces armées au service du roi, la critique du régime n’a jamais véritablement cessé d’une manière publique ou clandestine. Dernière en date des mesures destinées à juguler ceux que le gouvernement désigne comme des criminels, l’importation, la vente et le port du masque de Guy Fawkes (rendu mondialement célèbre par le film V pour Vendetta) sont dorénavant strictement interdits. Cela devrait inspirer les conseillers de Manuel Valls à réfléchir à un amendement de la loi anti-burqa.

J’ai peur !

Au matin du 7 mars, le Raid a mis le grappin sur deux jeunes pieds nickelés à Marignane (Bouches-du-Rhône), soupçonnés de projeter des attentats. L’un des deux avait hissé en toute discrétion un drapeau salafiste sur le toit de sa maison et ils auraient même envoyé un mail menaçant aux époux Obama… Dans La Provence du 8 mars, un voisin décrit le locataire du pavillon investi par les flics d’élite comme un individu dangereux : «  Nous l’avons surpris à se balader vêtu d’un turban à carreaux rouge et blanc, ou encore à écouter des chants étranges, dont on ne pouvait pas comprendre la signification car ils étaient en arabe. On l’a aussi vu danser quelquefois de manière très bizarre. » Dorénavant, tout Merah en herbe le saura : pour mettre la France en émoi, il suffit de se déhancher sur de la musique chantée en patois.

Le cerveau en feu

« En moins d’un moins [sic], deux chômeurs et un salarié se sont immolés par le feu en France, prend note Le Monde en appel de une de son édition du 8 mars. Faut-il analyser ces actes de désespoir seulement comme des “drames personnels” ou également comme le symptôme d’une déstructuration sociale ? » Grâce à la liberté de la presse et au courage intellectuel de ses chefs de rédaction, notre belle démocratie évite de tomber dans les excès qu’a connus la Tunisie début 2011 et qui ont plongé le pays dans les incertitudes que l’on sait. Ici, on ne se soulève pas comme des sauvages analphabètes. La paume de la main bien calée sous le menton, on lit son quotidien de référence et on analyse.

Investissement

Parties d’un squat menacé d’expulsion, quelques milliers de personnes avaient entamé dans les rues de Zurich, le 3 mars, une marche festive et colorée avant d’être prises pour cibles par la police à coups de grenades lacrymogènes, de balles en caoutchouc et de canons à eau. Résultats de l’opération : une voiture incendiée, des barricades, les bureaux d’une société financière endommagés, un supermarché pillé, et aussi trois agences bancaires investies et saccagées. Comme quoi dans les domaines du commerce et de la banque le verbe « investir » peut avoir plusieurs sens.

Équarrisseurs diplômés

Il vient de nous quitter. Médecin, expert en radioprotection, Pierre Pellerin était ce genre de personnage qui, à un moment historique, dit une connerie fatale et n’en démord pas. Nous sommes en 1986, le 29 avril, trois jours après Tchernobyl. Il rassure au journal télévisé : « On a fait tellement de catastrophisme sur le plan du nucléaire qu’on risque de déclencher la panique […] ça ne menace actuellement personne sauf, peut-être, dans le voisinage immédiat de l’usine, et encore, c’est surtout dans l’usine. » Pellerin est mort à 89 ans, mais ces continuateurs œuvrent toujours, au Japon et ailleurs.

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Paru dans CQFD n°109 (mars 2013)
Dans la rubrique En bref

Par L’équipe de CQFD
Mis en ligne le 27.04.2013