Guerre discrète

Au Cachemire indien, les murmures d’une vallée oubliée

C’est un conflit de plus en plus sanglant. Mais dont (presque) personne ne parle. En butte à une féroce répression, soumis à l’arbitraire soldatesque, les habitants du Cachemire indien, région himalayenne coincée entre l’Inde et le Pakistan, ne baissent pourtant pas la tête. Au contraire, même. Reportage.
Par Baptiste Alchourroun

Village près de Tral. La voiture s’enfonce sur un chemin poussiéreux. Autour, des maisons se dressent derrière de grands portails en tôle, à l’abri des regards, protégées du monde extérieur. Seuls les noyers et les pommiers s’observent de la rue. La mélodie des oiseaux laisse deviner de calmes et paisibles jardins. Nous nous arrêtons devant un portillon. Un homme dans l’enceinte, vêtu du traditionnel pyjama et d’un kufi, balaye les feuilles tombées autour de la mosquée pendant la nuit. L’édifice, bâti de bois peint en vert, est érigé au milieu de la végétation, se perdant entre les faisceaux de lumière. Son architecture rappelle le caractère unique de cette région montagneuse.

D’un pas léger, nous marchons jusqu’à atteindre un timide enclos. À l’intérieur, des stèles de pierre ou de métal s’alignent maladroitement. Pour certaines, la terre est encore fraîche ; pour d’autres, la végétation a déjà repris le dessus. Des tombes, il y en a une quarantaine – le plus jeune défunt avait quatorze ans. C’est le cimetière des martyrs du village, des personnes tombées sous la violence de la vallée.

Nous sommes au Cachemire indien, région himalayenne coincée entre l’Inde et le Pakistan. Depuis 1947, date à laquelle les deux nations ont vu le jour, le Cachemire se trouve déchiré entre ces frères ennemis. L’Inde en revendique l’entièreté, alors que le Pakistan demande à ce que le droit international soit respecté. Entre ces querelles d’ego, c’est toute une population qui peine à se faire entendre, cherchant désespérément à faire valoir ses droits.

Assis sur un sol orné de tapis et de coussins, Hakeem* nous accueille avec cette hospitalité chère à l’Orient. Il est dix heures du matin, le noon chai (thé salé) est encore fumant. Après une gorgée bruyante, Hakeem se pose, prend le temps de peser ses mots : « Mes deux frères sont des martyrs – l’un commandait même un groupe insurrectionnel armé. Ils ont pris les armes et sont tombés sous les balles indiennes. Pour ma famille, ils ont emprunté un chemin respectable. Ils ont fait de leur mieux, comme tout le monde ici. Je ne sais pas si la résistance armée est la solution, mais nous ne pouvons que lutter jusqu’à ce que nous soyons unifiés. ‘‘ Azadi ’’, comme on dit ici : la liberté et rien d’autre. »

Un conflit vieux de 70 ans

Au moment de l’indépendance du sous-continent, en 1947, le Cachemire, alors État princier sous protectorat britannique, doit choisir entre le Pakistan (République islamique) et l’Inde (séculière, mais majoritairement hindoue). À l’époque, le royaume du Cachemire est peuplé principalement de musulmans, mais gouverné par un prince hindou. Ce dernier décide de le rattacher à la Fédération indienne. Sa décision provoque la première guerre entre les deux puissances régionales.

En 1949, les Nations unies interviennent pour instaurer un cessez-le-feu. Une ligne imaginaire qui, au grè de multiples incidents et d’une nouvelle guerre (en 1965), est devenue la « ligne de contrôle » : une frontière de facto, non reconnue par la communauté internationale, qui sépare les deux pays au sein même du territoire du Cachemire. La région de l’Azad Cachemire et les Territoires du nord au Pakistan, ainsi que l’État du Jammu-et-Cachemire en Inde, sont nés.

Si aujourd’hui, la question du Cachemire reste brûlante malgré la présence de l’ONU, c’est que le référendum d’autodétermination promis par l’Inde se fait toujours attendre. Pour l’heure, le peuple étouffe et meurt, se retrouvant coincé dans la guerre d’usure que se livrent l’Inde et le Pakistan et dans le conflit direct avec les forces de sécurité dans la partie indienne.

En 2014, le Bharatiya Janata Party (BJP), parti nationaliste hindou, remporte les élections indiennes. Son arrivée au pouvoir provoque dans tout le pays une augmentation des actes de violence à l’égard des musulmans. Le Cachemire étant resté majoritairement musulman, la répression militaire dans la vallée emboîte le pas à cette dynamique.

« Dans les années 1990 1 , les groupes insurrectionnels étaient composés de gens issus de toutes les classes sociales. Aujourd’hui, ce sont en majorité des personnes éduquées qui abandonnent tout pour la cause, explique Hakeem. Ce phénomène est apparu au grand jour avec la mort de Burhan Wani, devenu une source d’inspiration pour les jeunes de la vallée. »

Si le nom de Burhan est encore dans tous les esprits, c’est qu’il a donné une part d’humanité à un conflit diabolisé par les médias pro-indiens. Le jeune homme a en effet abandonné ses études en ingénierie pour se battre à visage découvert. Et il s’est servi des réseaux sociaux pour mettre en lumière les atrocités commises par l’armée indienne et faire passer son message. Pour lui donner une plus grande portée, il utilisait l’anglais.

Sa mort, en juillet 2016, et l’interdiction de rassemblements à sa mémoire, réveillent le Cachemire indien, donnant un nouveau souffle à la mobilisation. La répression est brutale  : six mois de couvre-feu et un lourd bilan humain, avec des centaines de morts, beaucoup de blessé.e.s et de nombreuses personnes arrêtées. « Le sud de la vallée est depuis quelques années le nouveau berceau du militantisme. Beaucoup d’activistes sont originaires d’ici, de la région de Tral  », explique notre hôte, jonglant entre l’urdu et l’anglais.

En se déplaçant longuement dans les ruelles de Tral, un jour de couvre-feu, on découvre une ville silencieuse, quasiment vidée de sa population. Seul un vendeur de fruits et légumes maintient un semblant de vie, occasion d’aller et venir pour les habitants qui (sur)vivent dans ce quotidien anxiogène. Sur les stores des échoppes fermées, des messages politiques s’affichent sans équivoque : « India go back », « Azadi », « Fight till freedom ». Ou parfois, avec une dose d’humour : « No exams till freedom ».

La voix du peuple de la vallée

Srinagar, capitale d’été de l’État du Jammu-et-Cachemire. Ses grands lacs, avec en toile de fond les montagnes de l’Himalaya, ses jardins moghols et ses maisons-bateaux de l’époque britannique, feraient presque oublier la situation de la région. La Jammu & Kashmir coalition of civil society (JKCCS), organisme qui s’est donné pour mission d’informer la population sur ses droits et de l’aider, est là pour casser cette image de carte postale.

« Le gouvernement central indien fait pression sur la communauté internationale en affirmant que le conflit est une simple dispute territoriale avec le Pakistan. Que la région fait partie intégrante de l’Inde. Et que le seul problème est le terrorisme venant du pays voisin. » Un discours que Parvez Imroz, président de la JKCCS, inlassablement contrecarré. « L’Inde n’a que faire de nous avons à dire. Elle veut le Cachemire, mais pas sa population.  »

Depuis 71 ans que la situation perdure, les divers gouvernements indiens ne cessent de marteler que la question du Cachemire doit être réglée entre les deux belligérants. En réalité, la communauté internationale semble la seule à même de faire évoluer la situation. Notamment en donnant à faire entendre la voix et les souhaits du peuple de la vallée.

« Ici, on compte 700 000 membres de forces de sécurité pour une population de 13 à 14 millions d’habitants. Soit à peu près un soldat pour 19 personnes. Nous sommes l’une des régions les plus militarisées au monde  », détaille Parvez Imroz. Dans son rapport annuel 2, la JKCCS dénombre un total de 451 morts en 2017. Civil.e.s, militant.e.s et membres des forces armées confondus. « Selon certaines estimations, plus de 70 000 Cachemiris sont morts depuis le début du conflit, poursuit Parvez Imroz. Et environ 8 000 personnes sont portées disparues depuis l’essor de la résistance armée. »

À ce triste bilan s’ajoutent les multiples blessé.e.s par des fusils à plomb, joujoux préférés des soldats face aux manifestant.e.s. L’arme fait des ravages – la cartouche explose pour projeter des centaines de billes sur la foule, s’incrustant dans la peau et les yeux. Elles sont très difficiles à retirer et entraînent dans certains cas la perte partielle ou totale de la vue.

Impunité militaire et menace à l’ordre public

«  L’objectif de la JKCCS est aussi de documenter toutes les exactions des forces de sécurité, pour qu’un jour justice soit faite. » Les dossiers s’entassent et jaunissent dans les locaux de l’organisation depuis que l’Inde a instauré en 1990 le Armed Forces Special Powers Act (AFSPA) dans l’État du Jammu-et-Cachemire. Un régime militaire liberticide qui permet aux soldats de tuer, d’arrêter sans mandat et de détenir sans limite de temps. Pendant les interrogatoires, les militaires ont fréquemment recours à la torture 3. Il leur est aussi arrivé de foncer sur les manifestant.e.s avec des blindés. Une fois, même, ils ont attaché un habitant au pare-chocs avant d’une jeep en guise de bouclier humain, pour se protéger de jets de pierre. Comble de la farce, il n’est pas possible de poursuivre les soldats sans l’accord du gouvernement central, aval qui est bien évidemment très peu souvent accordé.

Censé n’être que temporaire, le temps de « ramener la paix » dans la vallée, l’AFSPA est toujours en vigueur trente ans plus tard. Et ne sert finalement qu’à alimenter les rangs des groupes insurrectionnels. D’après un ministre indien, 87 jeunes de la région auraient pris les armes depuis le début de l’année 4. Mais on préfère parler de l’Inde comme un des plus grandes démocraties au monde plutôt que d’une boucherie à ciel ouvert… « L’Inde et Israël suivent les mêmes logiques d’apartheid. Les médias indiens cachent complètement la vérité, relayant la propagande étatique. Mais contrairement à la Palestine, nous n’avons pas de relais à l’étranger pour maintenir le Cachemire dans l’actualité et les affaires diplomatiques  », précise Parvez Imroz.

Avocat spécialisé dans les violations des droits humains, Saïb* abonde : « Il règne un abus de pouvoir effarant : le Cachemire indien est un État policier. En plus de l’AFSPA, il faut aussi citer le Public Safety Act (PSA) 5 , qui permet de détenir quiconque “ menacerait ” l’ordre public.  » En vigueur depuis les années 1970, cette loi sert à museler toutes les voix dissidentes. De la politicienne au discours trop séparatiste à l’activiste, en passant par les manifestant.e.s. « Les lanceurs de pierres, essentiellement des mineurs, sont mis au cachot et battus par la police quand ils sont arrêtés, renchérit Saïb. Quand tu es innocent et qu’on t’enferme pendant plusieurs mois, interrompant une scolarité déjà bancale à cause des couvre-feux, qu’est-ce que tu fais quand tu sors  ? »

Prendre les armes

Terroristes pour les uns. Combattants de la liberté pour les autres. Mais dans l’ensemble, la population du Cachemire indien se montre plutôt favorable aux groupes armés, même si elle reconnaît qu’ils ne sont pas la solution, juste l’un des moyens de faire valoir ses droits. « Ces groupes jouent un rôle dans la libération du Cachemire – des atrocités ont lieu, ils y font face. Mais tout le monde prend sa part, quelle que soit sa position dans la société, explique Saïb. Les habitants essayent ainsi de s’interposer quand l’armée et ces combattants s’affrontent. Et des milliers de personnes se rendent aux funérailles des martyrs. »

Dans un jardin ombragé, aux abords de Dal Lake, la partie touristique de Srinagar, Masab*, la quarantaine bien entamée, enchaîne cigarette sur cigarette avec son thé. Ancien combattant des Hizbull Mujaheeden 6 dans les années 1990, il a vécu un temps dans la région de l’Azad Cachemire, au Pakistan, pour y suivre un entraînement militaire. Avant de retraverser la « ligne de contrôle » qui divise son pays pour combattre les forces indiennes. D’où plusieurs passages par la case prison et nombre d’interrogatoires – son corps en conserve les stigmates.

Aujourd’hui, Masab s’est rangé et préfère poser un regard plus sage sur la situation. « Personne ne peut dire que la violence est la solution. Il y a toujours un moment où il faut s’asseoir à une table et entamer un dialogue. Notamment à cause des enjeux humains : des personnes meurent chaque semaine. Nous n’avons rien contre les Indiens et l’Inde, mais nous nous opposons aux politiques injustes de ce pays. Il ne respecte pas ses promesses, alors qu’il a lui-même amené la question du Cachemire devant les Nations unies.  » Et l’ancien combattant de poursuivre : « Les forces de sécurité affrontent 250 rebelles, mais elles veulent faire croire que la vallée est infestée de terroristes. C’est pourquoi nous devons manifester pacifiquement malgré la répression. Symboliquement, c’est fort. Mais psychologiquement, c’est dur d’accepter que manifester puisse te valoir de prendre une balle ou une bille de plomb. » Silence. «  La résistance armée continuera tant que le but n’est pas atteint », finit-il par ajouter.

Désintéressement du politique

Lorsqu’il s’agit d’aborder le rôle des politicien.ne.s, les habitants du Nord comme du Sud, rencontrés aux abords d’une échoppe de thé, sur un banc près d’une mosquée ou dans un parc, répondent tous la même chose : ils ne croient plus en eux.

Lors des dernières élections régionales, le BJP est arrivé en tête, à égalité avec le People’s Democratic Party (PDP). D’où la formation d’une coalition pour gouverner l’État du Jammu-et-Cachemire. Problème : le PDP, censé porter les aspirations des habitant.e.s du Cachemire indien, ne sert désormais plus que de caution aux politiques nationalistes hindoues. Présent au niveau régional comme national, l’emprise du BJP devient de plus en plus problématique, tant il pousse les autres partis à servir ses intérêts, en jouant du billet vert ou de la force. « Les politiciens ont leur propre agenda, nous n’en tenons plus compte. Plus personne ne croit en la politique. Même nos leaders séparatistes Hurriyat ne sont pas capables de parler d’une seule et même voix. La solution doit venir du peuple, non des partis politiques », affirme Pamir *, professeur dans une petite localité près de Sopore, une ville du Nord.

Un peu plus loin, à Bandipura, deux étudiants ne mâchent pas non plus leurs mots : « La politique ? Pour faire quoi ? Notre histoire politique est jalonnée de déceptions. Seule l’éducation nous permettra d’avancer. C’est grâce à elle que les Cachemiris pourront réfléchir à leurs droits, à la façon dont ils sont traités, à ce que ça signifie de vivre sous l’oppression. Notre peuple n’a jamais vu le monde extérieur, il ne sait pas ce qu’est la liberté. Le contrôle permanent est notre quotidien. Les gens s’en accommodent, ils oublient que ce n’est pas normal.  » Un discours que tempère Saïb, l’avocat : « La situation est désormais si grave que les gens prennent conscience du problème. Dans les années 1990, personne ne savait pourquoi on se battait. Mais les atrocités commises par les forces armées et les deuils touchent chaque famille ont amené les gens à y réfléchir. Et à agir. »

« Nous voulons vivre en paix tous ensemble : Cachemiris sikhs, hindous et musulmans  », résume un vendeur de tissus, depuis le fond de sa boutique, à Bandipura. Pour l’heure, ce mirage de paix reste flou. Le 19 juin, le BJP a ainsi rompu l’alliance nouée depuis 2014 avec le PDP au niveau régional, laissant l’État du Jammu-et-Cachemire sous la direction du gouvernement central de Narendra Modi (et donc directement aux mains des nationalistes hindou.e.s). Sans parti régional pour tempérer la vision ultra-sécuritaire et répressive de New Delhi, c’est une nouvelle escalade de violence qui semble s’annoncer.

Cinq jours avant la rupture de l’alliance, l’ONU, dans un nouveau rapport dénonçant les violations des droits humains, appelait à une enquête internationale sur la situation au Cachemire. La réaction du ministre indien des Affaires extérieures ? Clamer que ce rapport viole la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Inde. Et le qualifier de « fallacieux, tendancieux et partisan  ».

Malgré l’asphyxie de la vallée et la longévité du conflit, le Cachemire n’existe que trop peu dans l’actualité. Côté français, nulle condamnation officielle des exactions et violations des droits humains. C’est que l’État indien est le premier acheteur d’armes au monde : la France en bénéficie largement. En 2016, François Hollande finalisait ainsi la vente de 36 avions de combat Rafale. Plus récemment, lors de la visite d’Emmanuel Macron en mars, les entreprises françaises ont décroché pour 13 milliards d’euros de contrats. Le groupe Safran en a capté la plus grande part, avec la signature d’un accord de 12 milliards portant sur la vente et la maintenance de moteurs d’avion.

Un constat classique, mais qui laisse un goût amer. Il ne faudrait pas que la diplomatie (et donc le business) se trouve entravée par des détails humanitaires… En attendant, la vallée du Cachemire tente désespérément de respirer un peu d’air frais. Un air au doux nom d’azadi.

Arnaud Chastagner

*Les prénoms ont été modifiés.


1 La résistance armée naît en 1989. En 1987, les élections régionales ont été truquées par New Delhi pour barrer la route au parti favorable à l’indépendance du Cachemire indien. Cet échec dans les urnes accélère l’essor de la résistance, soutenue par l’armée pakistanaise.

2 « Annual human rights review 2017 », rapport disponible sur le site de la JKCCS.

3 Sur le sujet, voir « India : Repeal Armed Forces Special Powers Act », article mis en ligne sur le site d’Human Rights Watch le 19/10/11.

4 Donnée établie au 20 juillet 2018.

5 Voir « The Public Safety Act Is a Political Weapon For the Government in Kashmir », article publié sur le site The Wire le 28/12/16.

6 Milice armée, financée par l’armée pakistanaise mais relativement autonome. L’une des plus importantes organisations séparatistes armées de la région.

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1 commentaire
  • 25 novembre 2018, 12:23, par Hosco

    Très bon article sur un conflit oublié de tous...

    Petite rectification, en 47 le Cachemire choisis la 3e voie, l’indépendance, mais rapidement, son « Roi » choisis l’aide Indienne pour « mater une insurrection » en échange de l’intégration à l’Union Indienne.

    • 7 décembre 2018, 20:01, par Arnaud Chastagner

      Pour être plus précis, au moment de l’indépendance de l’Inde et de la création du Pakistan le 14 et 15 août 1947, le Maharaja Hari Singh qui gouverne alors le Cachemire n’a pas choisi la voie de l’indépendance mais reste plutôt sans réponse. À cette époque l’État princier abrite une population hétérogène tant sur le plan ethnique, culturel, religieux que historique et géographique. Seule l’administration autocratique de Hari Singh (soutenu par ailleurs par les Britanniques) permet une certaine cohésion.

      Au moment de la partition, se retrouvant isolé avec un prince impopulaire, le royaume se fragmente : soulèvement de la région de Poonch contre le Maharaja, violences interreligieuses, création de l’Azad Cachemire par les pro-Pakistanais (région qui s’officialise lors de l’intervention de l’ONU en 1949).

      L’arrivée de tribus pachtounes (du Pakistan) au Cachemire est l’élément déclencheur qui contraint Hari Singh à faire appel aux forces armées indiennes pour les repousser (avec en contrepartie une adhésion pure et simple).

      Le Cachemire se rattache à la Fédération indienne le 26 octobre 1947 (soit un mois et demi après la partition), déclenchant la première guerre indo-pakistanaise.

      Ce choix est encore aujourd’hui critiqué par certains, qui estiment que le prince hindou n’était plus légitime pour prendre cette décision (au regard de la division physique et politique du royaume).

      J’ai délibérément choisi de ne pas mettre en lumière cette partie de l’histoire pour ne pas alourdir la mise en contexte historique et me concentrer sur le présent, mais effectivement c’est une période qui mérite de s’y attarder.

      Pour approfondir le sujet, je ne peux que recommander l’ouvrage « Understanding Kashmir and Kashmiris » de Christophe Snedden (aux éditions Hurst & Company).

      En tout cas merci pour ce retour positif.

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