Une fois le cargo arrivé en rade de Marseille, les six jeunes, deux Tunisiens et quatre Libyens, ont été remis à la police aux frontières qui les a placés en « zone d’attente », au centre de rétention du Canet. En zone d’attente, un étranger est considéré comme n’étant pas encore sur le territoire national. Dans le cas des six adolescents, cela évitait de les confier à l’Aide sociale à l’enfance (ASE), ce qui est normalement prévu pour les mineurs étrangers non accompagnés à leur arrivée en France. En zone d’attente, par contre, ils peuvent être refoulés très rapidement à la frontière. Une aubaine pour le conseil départemental des Bouches-du-Rhône, qui gère très mal le nombre croissant de mineurs étrangers sollicitant sa protection, les laissant dormir à la rue ou se satisfaisant de prises en charge militantes, comme au squat de Saint-Just.
Oui mais voilà, en zone d’attente, les adolescents ont été repérés par l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé), qui a permis la médiatisation de cette affaire en postant l’information sur les réseaux sociaux. Soutenue par des avocats marseillais spécialisés en droit des étrangers, l’organisation n’a pas hésité à saisir le parquet. Lequel, bien disposé, a ordonné un placement provisoire des adolescents, les confiant ainsi à l’ASE.
Mardi 5 novembre, les six jeunes sortaient donc de la zone d’attente et étaient logés dans un hôtel. A priori sans grand suivi de la part de l’association chargée de leur accompagnement par l’ASE, puisque trois d’entre eux auraient quitté la ville assez rapidement. Mais, pour les trois autres, le juge a ordonné l’évaluation de leur minorité et de leur isolement. Et, si cela est vérifié, ils pourront alors être pris en charge comme doit l’être tout minot.
C’était bien tenté, la zone d’attente, mais c’est raté.