L’erreur

L’ennemi est à l’intérieur

Vaste programme ! Le 4 avril, le juge Thierry Fragnoli a été, à sa demande, dessaisi de « l’affaire Tarnac », au prétexte de « ramener de la sérénité dans ce dossier ». Non pas parce que, visiblement, l’instruction cède le délire tragique au ridicule : bidouillages des enquêteurs, exagération des faits, absence de preuves, manipulations malodorantes entre services de police, surenchères narcissiques d’hommes d’État et de fonctionnaires désireux de gagner des points de carrière… Mais parce que le juge anti-terroriste n’en pouvait plus, selon ses dires, de ces « campagnes de presse relayant des attaques personnelles ». Le pôvre ! En général, ce sont plutôt ceux qui ont eu le malheur de tomber entre les mains des services de l’État qui subissent ce harassement fait de caricatures, de calomnies et d’amalgames, sans que les magistrats n’y trouvent à redire – puisqu’ils y contribuent souvent eux-mêmes par quelque fuite opportune à l’intention des médias amis, afin de magnifier leur œuvre de protection de la population. Décidément. Le présumé délinquant Bernard Squarcini, mis en examen pour une histoire de fadettes dans l’affaire Bettencourt, suspecté de trafic d’influence avec Jean-Noël Guérini, et chef de ce FBI à la française qu’est, paraît-il, la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), doit souffrir d’insomnie. Entre le 14 et 22 mai vont être jugés une poignée d’individus désignés comme membres de la terrible « mouvance anarcho-autonome francilienne ». Brrr ! Ivan, Damien, Bruno, Isa, Farid et Juan furent arrêtés à quelques mois d’intervalles, début 2008, avec des matériaux aussi terrifiants que du désherbant et de la farine pour confectionner des fumigènes, des clous tordus pour crever des pneus ou encore un plan de prison pour mineurs. Ils ont subi garde à vue dans les geôles de la DCRI, prise d’ADN sous la contrainte, emprisonnement. Poursuivis pour « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste », ces supposés artisans « d’un acte de guerre en temps de paix » – selon la définition de l’article 706-25 du Code de procédure pénale – sont tous en liberté conditionnelle et vont être jugés devant le tribunal correctionnel de Paris. Reste qu’il semble avéré, selon certaines rumeurs, que les anciens des Renseignements généraux ont raison de penser que les ex de la Direction de la surveillance du territoire – deux organes ayant fusionné dans la DCRI – sont des incompétents. Et vice versa.

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