Bachar, tueur en Syrie

Par Omar Ibrahim.

Depuis mars 2011, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a comptabilisé 240 381 victimes de la guerre en Syrie. L’organisation précise que ce bilan, établi au 6 août 2015, est une estimation qui ne tient pas compte des quelque 30 000 personnes portées disparues, sur lesquelles près de 20 000 sont détenues dans les prisons du régime. L’OSDH fait état de 71 781 pertes civiles, dont 59 817 adultes et 11 964 enfants. Ce sont près de 80 000 combattants des forces anti-régime qui ont été tués dans le conflit, contre environ 90 000 soldats et miliciens pro-régime. Par ailleurs, l’armée, qui comptait aux alentours de 220 000 hommes en 2011, s’est aussi vidée de plus de la moitié de ses effectifs par la désertion et l’insoumission. Le bilan dressé par le VDC (Violations Documentation Center in Syria), cité par Le Monde du 13 mars 2015 recense, lui, 112 423 victimes directes du tyran dont 81 596 sont des civils.

Arrestations, détentions arbitraires, snipers, tortures systématiques, disparitions, exécutions sommaires, emploi du gaz sarin sur la population, utilisation des femmes comme boucliers humains, largage de barils d’explosifs depuis les airs sur les populations civiles constituent le cauchemar des Syriens depuis le printemps 2011. Des campagnes de viols, mises en place par les milices de Bachar al-Assad à l’aube de la guerre civile, sont mentionnées dans Le Monde du 4 mars 2014 comme l’une des causes possibles du soulèvement de la population contre la dictature. Lors de ces raids criminels, qui continuent encore à être organisés, les miliciens sont munis de stimulants sexuels. Un rapport de l’ONU accuse le gouvernement de faire violer et supplicier des enfants sous le regard de leur famille. Autre constat glaçant, effectué par l’OSDH le 13 mars 2015, 12 751 prisonniers – dont 108 enfants – sont morts sous la torture dans les geôles du tyran. Un photographe de la police militaire du dictateur, désormais connu sous le pseudonyme de César, a pu documenter ces atrocités  : l’album horrifique de César présente les 54 000 photos, clandestinement sorties de Syrie en 2013, de 11 000 cadavres décharnés portant des marques de chaînes, de brûlures, de lacérations et d’énucléation par des agents chimiques. Les clichés, authentifiés par des juristes internationaux, confirment les accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité portées, en décembre 2013, à l’encontre de Bachar al-Assad par le Conseil des droits de l’homme. Le 7 septembre 2015, François Hollande a cru pouvoir résumer les causes de l’exode des Syriens en ces termes  : « C’est Daech qui fait fuir, par les massacres qu’il commet, des milliers de familles. » Le 16 septembre, même son de cloche chez Marine Le Pen qui a déclaré sur France Inter : « Ce n’est pas Bachar al-Assad aujourd’hui qui persécute les populations syriennes, c’est l’État islamique. » L’horreur spectaculaire des exactions commises par Daech, va-t-elle définitivement occulter aux yeux du monde les crimes perpétrés, depuis plus de quatre ans, par le régime syrien sur sa population ?

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