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Rafale de combines

Non, non et non, ne volez pas Rafale comme tout lecteur de CQFD se doit de le faire s’il respecte les sacro-saintes évangiles du chômeur heureux. Rafale ce n’est pas le magazine que lisent les Dassault au bord de leur piscine de 400 mètres pendant que leurs avions pilonnent des Yéménites trop cools. Non, niet, que nenni, Rafale c’est le copain des bois de la débrouille. Rafale est gratouit. ( NDLR : dans le texte français) Voui ! Drôle, impertinent, irrévérencieux, ce journal en papier est une pépite drôlement bien écrite qui vous donne des combines dignes des plus adroits truands, pour vous sauver du système. Deux ans que Rafale n’avait pas sorti ses ailes, deux ans de farniente, on suppose, ben oui et non ! « On est un peu plus fainéants. Voire carrément paresseux. » Les rédacteurs anonymes avouent tenter d’échapper aux képis. Ils ont, paraît-il, une nuit de juillet, pénétré dans un entrepôt de la Foirfouille pour répondre à une invitation à soirée déguisée. On sent le conte à plein nez. Eh bien, ils ne se démontent pas et nous racontent leur périple combinard dans la tradition de la fameuse reprise individuelle anarchiste. Page 4, ça commence bien avec la fabrication d’une clé pour ouvrir les panneaux Decaux et remplacer les affiches de parfum vendant des femmes chétives ou des affiches de squelettes en string Cacherel vendant du parfum.

Après, il y a la combine un peu frelatée de l’huile de friture pour les moteurs. Plus connu mais c’est toujours bon un rappel. Il y a des dessins bleus, et c’est très joli, comparé à la galère du recyclage de l’huile. Mieux, en page 11, on t’explique comment détruire le monde oppressant de la technologie, non pas en lisant Biagini ou en ermite dans le Montana avec Unabomber… mais en fabriquant toi même un zappeur de RFID. C’est touchant, mais il faut être Géo Trouvetou pour se permettre de démonter un appareil photo jetable sans s’électrocuter. On se dit que tout ça c’est parfait pour des squatteurs urbains qui ont fait le LEP électronique. D’accord mais pour nous les pauvres purotins ruraux ? Rafale y a pensé avec sa trousse de secours médicale pour se passer des empoisonneurs patentés de Sanofi ou Servier. Niquer la pharmacie, c’est se soigner avec les plantes. Et pour éviter le rhube, on nous fournit les plans d’un poêle à bois pour votre cassine avec de la récup : une bouteille de gaz, un extincteur, une grille d’égout, de la colle réfractaire…

Une fois passés les conseils médicaux et le chauffage à la Marcel, on retrouve les vieux réflexes de la ville : Voilà des témoignages pour voler dans les magasins, des crobars pour pirater l’éclairage public, des tours pour casser les serrures. Oh les gars, c’est la zonzon assurée votre canard si on suit vos principes. Un témoignage anonyme raconte quelques règles de voleur : « Ne jamais sortir d’un hangar sans rien voler. Jamais ! Même dans le pire Auchan sur fliqué, même au petit matin, même mis à mal par un gros rhum d’hiver. » Ça force l’admiration ? Le Jacob moderne ajoute : « Pour maintenir le cap, travailler son accoutumance au vol. » La conclusion mérite le détour car l’auteur nous met en garde contre l’excès de conso comme l’abus d’adrénaline : Tout voler et tout le temps mais pas trop non plus. Floréal Cuadrado, né dans le bain syndicaliste révolutionnaire, est convoqué pour nous parler de ce temps où les faussaires étaient les princes de la pègre – les artistes de la profession. Les tampons sont à l’honneur dans ce numéro et l’on est estomaqué d’un tel savoir dans le domaine. Nos muscadins ne sont pas nés de le dernière pluie. Faut dire que pour ce troisième volet, on explore les pistes ouvertes dans les précédents numéros avec une bonne dose d’humour en plus. Ce sont même de fins gourmets qui nous lâchent une râpée stéphanoise avec un cochon à la broche, quand ils ne nous donnent pas les plans pour réaliser des pochoirs à toute vitesse. Voilà, mon copain de rapines, te voilà paré à entrer dans la confrérie des illégalistes. Prends place à bord du Rafale. Et si tu ne trouves pas le numéro papier dans ton village de rustres, va sur Plasticoportique.net.

Christophe Goby
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