Médias

Empaillé mais vivant

D.R.

Il est des spécialités locales qu’on aimerait trouver en bas de chez soi, où qu’on soit. Pour l’Aveyron, si vous connaissez déjà l’aligot ou les farçous, vous vous laisserez charmer par un canard des plus goûtus : L’Empaillé. 48 pages, très grand format, jolie maquette aérée, articles courts, longs, brèves, dessins, photos, tout y est ! Trimestriel dont le numéro 2 est sorti en cette rentrée 2016, le journal est mené par une équipe de bénévoles ancré.e.s sur leur territoire autant qu’en prise avec le monde.

Du numéro un au deux, le tirage est passé de 2 000 exemplaires à 4 000, « et on va sûrement encore doubler pour le numéro 3, car nous sommes déjà presque à court de stock », s’enflamme un des participants du joyeux palmipède. Au départ composée de deux ou trois aventuriers, l’équipe s’est renforcée pour tourner à présent autour d’un collectif d’une douzaine de personnes. L’organisation est bien entendu horizontale (en parlerions-nous dans CQFD si ce n’était pas le cas ?). « Quand on rencontre un désaccord sur un texte, il n’y a pas de chef pour trancher, alors on joue l’inertie, on discute, on attend de trouver une solution, dans une ambiance joyeux bordel. »

Cette bande-là suit la trace de leurs grands cousins qui font vivre le journalisme local indépendant, engagé et curieux depuis quelques années : Le Postillon à Grenoble, La Brique à Lille (dont certains du journal aveyronnais sont des transfuges), La Lettre à Lulu à Nantes, et j’en passe. L’Empaillé se trouve dans les kiosques de la région, souvent caché par le mal nommé Midi Libre, appartenant au groupe La Dépêche, aux mains d’un certain Jean-Mimi Baylet. Celui qui voulait à tout prix un barrage à Sivens quand il était président du conseil général de Tarn-et-Garonne avant de devenir ministre de l’Aménagement du territoire pour Valls. La mort de Rémi Fraisse en témoigne, Jean-Mimi, il sait bien l’aménager le territoire. Et c’est souvent dans ta gueule.

Pour nos empaillé.e.s, laisser la presse locale aux seules mains de l’empire Baylet n’était plus supportable (rappelons qu’en plus du Midi Libre, le Groupe La Dépêche possède La Dépêche du Midi, L’Indépendant (Pyrénées-Orientales), Midi olympique, La Nouvelle République des Pyrénées (Tarbes), Le Petit Bleu d’Agen, Le Villefranchois (Villefranche-de-Rouergue), La Gazette du Comminges (Saint-Gaudens) et Centre Presse). « Quand tu balaies du regard les kiosques du coin, tu te rends compte du quasi-monopole des titres de Baylet, raconte un des membres de L’Empaillé. C’est une vraie pollution idéologique. L’enjeu c’est de la combattre. Et de combattre en même temps les notables, les élus ou les entrepreneurs locaux... »

Un beau combat au sommaire du numéro 2, avec une enquête sur la fermeture des maternités de proximité, un reportage sur une ferme-usine à Goutrens, un autre sur les conditions de travail à la centrale d’achat NOZ du côté de Bozouls. En sautant quelques folios, on tombe sur le témoignage des ateliers de mécanique autogérés entre nanas, et plus loin sur une critique carabinée du film Merci Patron ! De François Ruffin. Bref, L’Empaillé est un journal à lire de Brest à Vintimille en passant par Vierzon. Il y aurait peut-être des critiques à émettre, mais mince alors, j’ai atteint le nombre de signes maximum pour cette rubrique Média.

Ferdinand Cazalis

Plus d’infos ici : <[lempaille.fr-> http://lempaille.fr]>

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