Dans une société qui exclut les corps qu’elle considère comme dysfonctionnels, la question de l’assistanat sexuel divise. Entre ceux qui associent ce service à de la prostitution et ceux qui considèrent qu’il rentre dans le cadre de la compensation du handicap, des voix s’élèvent et avancent d’autres arguments — ou affirment que ce débat est avant tout un écran de fumée. Tour d’horizon. « Force est de constater qu’il n’y a que deux sujets qui passionnent et excitent les personnes valides nous concernant : (...)
Le sexe est-il un besoin, au même titre que boire, manger, respirer ou dormir ? Pourquoi a-t-on si souvent l’impression que notre vie est foutue lorsque l’on n’a plus de sexualité partagée pendant un temps ? Dans une société où l’injonction à baiser est constante, certaines personnes ne ressentent pas ou plus d’attirance sexuelle pour les autres. Témoignage de l’une d’elles. Il y a les personnes qui n’ont jamais eu envie. Celles qui ont renoncé, par lassitude ou à la suite d’un traumatisme. Celles qui en (...)
Tout autant que les autres services médicaux, l’hôpital psychiatrique est à l’agonie depuis des années. Il n’a pas non plus été épargné par le Covid-19. Pourtant, tout au long de la crise sanitaire, il est resté cantonné au silence. Pire, les murs de l’asile n’attendaient que cet épisode pour se redresser, condamnant les patients à encore plus d’enfermement dans l’enfermement. Ce dimanche 14 mars aurait pu avoir un avant-goût de printemps. Pourtant, l’ambiance est électrique. Limite anxiogène. En vérité, il (...)
Pas de patron, pas d’horaires fixes, un fonctionnement horizontal, une cause qui a du sens : le travail associatif n’est souvent pas considéré comme un travail. Difficile alors de parler de souffrance au travail, d’exploitation, de rapports de domination, de précarité. La suppression massive des CUI/CAE a révélé au grand jour un monde associatif sous perfusion. Avec leur livre Te plains pas, c’est pas l’usine, paru le 13 mars, deux travailleuses associatives lancent un pavé dans la mare sans cracher (...)
Quand Marcel a débarqué de Roumanie, il a vécu quatre ans à la rue. Marcel a parfois du mal à se faire comprendre, parce qu’il n’a plus de dents et que le français est une langue compliquée. Parfois, Marcel pète les plombs. Bien comme il faut. Il est aussi capable de t’offrir une mini-sculpture en bois en forme de cœur dans un couloir des urgences psychiatriques, au milieu des hurlements. Au fil de notre relation, Marcel m’a également fait connaître le réseau marseillais d’alternatives à la psychiatrie (...)
« Si la folie constitue le miroir grossissant de notre fonctionnement social, elle nous indique aujourd’hui que notre société est malade » (Patrick Coupechoux, Un Homme comme vous, Le Seuil, 2014) Cet article est l’introduction d’un dossier de 11 pages consacré à la psychiatrie (récits, critiques et alternatives). Ce dossier a été publié dans len°184 de CQFD, en kiosque jusqu’à début mars. *** Dans Le Syndrome du bien-être , les Suédois André Spicer et Carl Cederström décryptent l’omniprésente (...)
« L’envie de raconter mon histoire était déjà présente dans mon délire. » Dans Barge, Hélo K. explique comment, à 20 ans, son esprit a peu à peu dérivé dans un délire messianique. Délire qui la conduira à l’hôpital psychiatrique à plusieurs reprises. Auto-édité, ce livre est une plongée intime dans cette aventure. Mêlant ses carnets, des extraits de son dossier médical et des lettres de proches, c’est un précieux témoignage pour tenter de comprendre ce que peut signifier une bouffée délirante – et un autre rapport (...)
S’il s’est attiré une sympathie quasi générale en Occident, le mouvement de contestation hongkongais a aussi ses zones d’ombres. L’aspect innovant des techniques de mobilisation y est néanmoins des plus inspirants. Entretien avec trois militants français de retour de l’île. Rappel des faits. Au printemps 2019, le gouvernement hong-kongais introduit un projet de loi autorisant l’extradition des personnes arrêtées vers la Chine. S’ensuit un mouvement d’une ampleur inédite dans cette ancienne colonie (...)
« Un enfant, si je veux, quand je veux », scandaient les féministes des années 1970, mettant au centre du combat la liberté de disposer de son corps. C’est dans cet héritage que s’inscrit l’excellent documentaire Si je veux, quand je veux. Une dizaine de femmes y témoignent de leur parcours d’IVG. En couple ou célibataire, avec ou sans contraception, Sarah, Sigrid, Elsa ou encore Lola ont connu un avortement, comme une femme sur trois en France. Elles en témoignent, face caméra, dans des squares, des (...)
Si vous allez à Air Bel, on vous racontera l’eau contaminée, l’habitat plus qu’indigne, les bailleurs sociaux qui camouflent les problèmes et la mairie qui s’en fout. 6 900 habitants, 1 200 logements sociaux, une pauvreté structurelle mais une furieuse envie de prendre les choses en main. Reportage dans les quartiers Est de Marseille. Ce matin encore, les habitants se sont réveillés au milieu des flaques d’eau. Il a plu – même dans les halls d’immeuble et les appartements. La veille, c’était la purge (...)
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