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Seins ronds, ventre plat

1er mai 2013, 01:23, par LH

Être libertaire et mésuser de l’héritage sociologique pour relativiser la liberté des dominés qui choisissent leur domination en supposant que leur libre arbitre s’arrête là ou la morale commence, il est là « l’échec de la pensée » comme vous dites ! Et quel échec !

La force de la position libertaire n’est-elle pas de condamner les moralistes en tout genre en montrant certes la construction du social et des représentations, mais aussi l’universalité matérielle de la subordination du dominé au dominant par delà spécificités de leur contrat, qui n’est nullement consenti contrairement à ce qui est dit, mais imposé (principe de la « domination »). Ce qui n’empêche pas le combat pour les libertés, même relatives, entre autres de choisir les modalités de son aliénation.

Que d’erreurs et d’approximations dans cet article, ça donne le tournis :

Il n’y a pas, dans la subordination, de différence de nature entre louer sa force de travail (ses bras) et louer sa force de procréation (son ventre). L’aliénation n’a pas trait à la supposée vente de son corps, bras, ventre ou tête, comme cela est suggéré (avez-vous vraiment lu Marx ?). L’aliénation résulte de l’exploitation qui est le vol de la plus-value du travail par le « locataire » de la force de travail (le capitaliste). On ne vend pas, on loue. Le corps n’est en lui-même pas une marchandise, ni les bras, ni l’utérus, et encore moins un capital à « fructifier ». Dit-on d’ailleurs du travailleur qu’il « exploite ses bras » ? Et s’il garde la plus-value de son travail ?

Les travailleurs ou les prostituées ne sont pas tous dépossédés (volés/violées), et rien ne dit que quelqu’un qui loue les services d’une mère porteuse lui vole automatiquement une valeur ou une plus-value (ni ne lui vole un bébé, ou même sa dignité, son honneur, ou toute autre valeur non économique pour réactionnaire…). De la même manière qu’il ne fallait pas forcément être auvergnates et dominées pour vendre son lait, le fait de louer sa procréation n’est pas forcément une preuve de domination.

On peut même penser que le service de mère porteuse devra coûter cher (ou être gratuit et subventionné mais donner lieu à des acquis importants aux porteuses-travailleuses, salaire, retraites, etc.), ce qui permettra enfin de reconnaître comme travail à part entière la procréation, et valoriser plus l’activité des mères. Ce qui n’a rien à voir avec une fantasmée marchandisation de l’enfant ou même d’une fixation de prix des enfants comme en Chine où il faut être riche pour payer l’amende. Et quand bien même, par provocation eugéniste j’irais dire que si avoir des enfants devenait vraiment un luxe réservé aux riches, on aurait une issue à la reproduction sociale… Et si la procréation devient une activité valorisée (et « valorisante » au sens économique), peut-être une issue à la domination masculine ?

Bref pour rester sérieux, votre vision erronée de l’aliénation cache un insupportable amalgame qui tend à assimiler les couples gays demandeurs de mères porteuses, aux capitalistes qui volent le travailleur. Ou la mère porteuse à une capitaliste coupable d’exploiter son propre corps. Attention de ne pas faire le jeu de l’extrême droite !

Les féministes ont « martelé » comme vous dites : « mon corps m’appartient », et c’est bien pour cela qu’elles en font ce qu’elles veulent. Si elles préfèrent travailler avec leur utérus ou leur vagin, plutôt que de leur bras, elles doivent être libres de choisir.

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