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Journal d’un voleur à l’étalage

30 juin 2018, 00:59

Le commentaire précédent l’aborde et je voudrais insister sur la dimension très inégalitaire du vol : il est plus ou moins facile de voler selon sa couleur de peau, son look vestimentaire, son genre (une femme attrapée est plus facilement « humiliée » quand un homme est plus facilement violenté et donc emmené au commissariat (0ce n’est pas un ouin-ouin d’homme, c’est une conséquence du sexisme qui voit les femmes comme fragiles et impressionnables et les hommes comme dangereux ; encore plus quand on cumule les 3 « défauts »).

Les équipes que je connais et qui ont fait du vol une forme de redistribution ou de base pour l’alimentation collective sont à majorité blancHEs de peau, étudiantEs ou assimiléEs (les akademiker dont parle le commentaire précédent), habilléEs comme pour aller au boulot. UnE amiE avec une gueule d’arabe ou de noirE est très pratique pour voler : c’est celui/celle-là qui sera suiviE par le vigile, les autres se remplissant les poches pendant ce temps. Si je le dis c’est parce que je suis souvent moi-même ce « lièvre ».

En dehors de cette dimension difficilement « prouvable » (pas de stats sur les vols réussis hein !), il y a une autre dimension du vol qui me semble poser problème : certaines enseignes en sont arrivées à intégrer le vol à leurs prévisions budgétaires. Ce qui m’angoisse là-dedans ce n’est pas bien sûr un truc comme « à cause des voleurs les prix augmentent », je ne suis pas dupe. Ce qui est inquiétant c’est l’aspect anti-lutte, anti-solidarité : quand le capitalisme a intégré la pratique à ses comptes et qu’on a trouvé le moyen pour soi-m^me de se nourrir bien et peu cher on ne partage plus l’état de nécessité de la majorité (non-blanc.he.s, pas habillé.e.s comme pour le boulot, handicapés moteurs ou personnes psychiatrisées, etc) et la question de l’accès à la nourriture saine perd de son caractère d’urgence et en fait un sujet de seconde zone dans des cercles qui sont pourtant en lutte ; et le capitalisme dort tranquille.

C’est pas très clair peut-être parce que ça ne l’est pas totalement pour moi mais dans mes expériences collectives la question de l’alimentation est souvent passée au second plan parce qu’une partie des personnes impliquées volaient et n’avaient donc pas de problèmes pour s’alimenter régulièrement. Je n’ai pas de solution toute faite et loin de moi l’idée de culpabiliser celleux qui volent, bien au contraire. Ce qui me gène avec l’esthétisation c’est qu’elle a tendance à mettre de côté qu’il ne s’agit pas que de voler des riches (les grandes enseignes) mais bien de construire collectivement la revanche face aux affameurs.

sur ce bonne péta à tout le monde et bisous https://infokiosques.net/spip.php?a...

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