Accueil > ... > Forum 1794

« À la croisée du féminisme et de l’antiracisme »

21 septembre 2017, 13:57, par Jeudi

La vraie question de la rupture des manières d’être, des cultures, du déracinement, c’est celle de l’uniformisation du monde par la marchandisation. Ce que vous appelez l’universalisme abstrait, je l’entend avant tout comme un mode de comportement profondément utilitariste avant d’être une contrainte ou une injonction (c’est certainement moins une contrainte et une injonction que les autres formes religieuses d’universalisme). Même les injonctions républicaines laïcardes sont peu de choses face à ce rouleau compresseur.

« Défendre la liberté de ne pas vouloir être Arabe commence par défendre la liberté de vouloir être Arabe. » Et comment définit-on l’ « être Arabe » ? Par quels attributs ? La langue, la religion, l’origine géographique, la pâtisserie ? On est dans l’essentialisation. C’est toute la question de la réinvention de la tradition par réaction. L’identité n’est pas l’identitarisme. Cette bataille de l’identité est perdue d’avance, elle ne peut engendrer que des comportements sectaires, parodiques, ou se mettre à la remorque de mouvements réactionnaires ou nationalistes.

Enfin, définitivement non, je ne sais pas ce que c’est « les Juifs en tant qu’identité politique ». Le sionisme à la rigueur… mais « les Juifs », c’est encore une essentialisation.

Mais essayons de prendre au pied de la lettre cette idée des Juifs comme « identité politique », j’ai une proposition à vous faire : Enfin considérer le sionisme comme le modèle décolonial par excellence auquel la pensée « indigéniste » doit tout.

La diaspora juive est la conséquence de la guerre des Juifs et de la destruction du temple de Jerusalem en 70 ap-JC, admirable révolte anticolonialiste de trois siècles contre les Romains. Cette ténacité des Juifs à travers de longs siècles de persécution va les unifier d’abord religieusement autour de la promesse « L’an prochain à Jerusalem ». Le sionisme est une des productions idéologiques de tout ça, à la fois d’une impossibilité d’assimilation (du fait de l’antisémitisme) et d’un retour des vaincus dans leur foyer fantasmé après des siècles de refus de leur déracinement. Bien sûr, le hiatus on le connaît, ces refoulés n’étaient de fait pas les mêmes que leurs ancêtres dont les lointains cousins peuplaient toujours la Palestine. Mais ça c’est vrai pour tout dans l’Histoire de toutes les migrations et des retours en terre promise.

Ceci dit, accordez-au moins à « les Juifs » cette légitimité et cette ressemblance. ;-D

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.