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Kokopelli, c’est fini...

8 juillet 2017, 01:39, par greg gauthier

Bonjour,

je suis maraîcher et producteur pour Kokopelli depuis 2014, et je souhaite autant que faire se peut (je manque cruellement de temps -en pleine saison- pour rebondir sur toutes les inepties lues par-ci par-là) réagir à cet article et éclaircir certains points, à savoir « de comment çà se passe avec les producteurs ». Avant toute chose, quelques considérations qui m’ont poussé à écrire ces lignes au milieu de la nuit alors que je serai dans mes cultures à 6-7h du mat et que çà me fait bien chier de sacrifier de mon sommeil :

 je suis extrêmement déçu par cette publication qui n’est pas du tout à l’image de l’éthique journalistique que je connaissais de CQFD, journal qui m’avait emmené par des enquêtes de terrain dans le quoditien des migrants de Ceuta ou Melilla, chez les kurdes du Rojava ou dans les barricades de Oaxaca... merde ici on a un différent à quelques bornes et il semble inopportun de recouper des sources, envoyer un reporter, prendre du recul... résultat : un coup de fil à trois rédacteurs d’un bouquin à charge et un titre sans appel, un verdict "kokopelli, c’est fini.." Très sincèrement je ne comprends pas, vraiment pas.

 il y a sûrement des erreurs chez les Guillets et la gestion de Kokopelli, mais il ne suffit semble-t-il pas de faire chuter Kokopelli (et quoiqu’on en dise une des dernières structures militantes, pour le moins dans la radicalité de son positionnement vis à vis du commerce des semences), il faut que chacun y vienne de son petit commentaire mensonger, jeter sa petite pierre... c’est abject. Elle est belle la pensée critique quand elle s’exprime !

 en tant que producteur, je ne connais pas, ou très peu, l’ensemble de l’équipe salariale et les rapports qui s’y trame (je connais des interlocuteurs directs comme les chargés de production ou la personne qui contrôle les taux de germination -oui oui çà existe- mais n’ai quasiment pas de rapport avec le reste de l’équipe) et je ne m’avancerai donc pas dans les psychodrame qui s’y joue. Je considère toutefois qu’aucune structure est assez précieuse (pour la biodiversité ou autre) pour sacrifier la dignité de chacun. Reste à savoir si les expériences relatées (et je ne nie pas qu’elles aient pu être douloureuses) sont réellement objectives et n’aient pas la rancoeur pour seul moteur. Concernant la partie "producteur" j’ai de gros doutes, d’où mon souhait d’intervenir pour élargir la réflexion à d’autres sons de cloches ; mon expérience, en tant que jeune producteur, étant très satisfaisante.

Donc, en quelques points :

 Depuis que j’ai commencé à fournir Kokopelli (2014), les prix n’ont jamais varié à la baisse en cours de production. Ils ont peu ou prou jamais été révisé, si ce n’est à la hausse.

 Les prix au kilo des différentes espèces sont dans l’ensemble correct. Certaines non, il suffit simplement au producteur de refuser la production de telle ou telle espèce. Les plannings de production sont proposés en hiver et ils sont ensuite discuté conjointement avec le producteur et Kokopelli. Personnellement, je n’ai aucun souci pour enlever ou ajouter une variété ou une autre. C’est quasiment du sur-mesure, et je ne me sens nullement pressurisé !

 Egalement on ne pousse pas à l’hybridation (non mais j’ai vraiment lu n’importe quoi sur le net ou dans ce bouquin, je ne me souviens plus !). En règle générale, pour les espèces allogames une seule variété est donnée... après différentes méthodes existent pour garantir la conformité d’une variété d’une année à l’autre. Dans mon cas par exemple, j’ai en culture tous les ans – et sur ma demande – 4 à 6 variétés de Cucurbita maxima. Je procède donc moi-même tous les jours à la pollinisation manuelle des fleurs de 300 à 400 plants. Soit-dit en passant c’est un travail quotidien de rigueur qui demande 3h par jour pour de tels quantités (qui s’ajoute au travail de producteur et de maraîcher) qui rend d’autant plus insultant les propos dispensés gratuitement sur des lots hybridés ou des délires de moutarde levant à la place de poivron (pas plus de commentaire là-dessus çà n’en mérite pas)

 Oui, depuis cette année il y a des contrats écrits, avec des droits et des contreparties. Personnellement je m’en tamponne, jusqu’ici l’accord oral me suffisait et il a toujours été respecté. Quant au paiement des récoltes, il n’y a jamais eu aucun souci. Bien au contraire, d’une part les excédents de récoltes sont généralement pris et payés et d’autre part, à l’inverse de nombreuse structure semencières (qui à leur décharge ont peut être moins de trésorerie ?) fonctionnant en une sorte de dépôt-vente (paiement après vente, donc parfois 2 ans près semis ), Kokopelli paye à la livraison, ce qui est beaucoup plus confortable.

 Concernant le taux de germination et pour ce qui s’y trame en interne, j’ai vu que Kokopelli avait publié ici https://blog.kokopelli-semences.fr/... Je ne sais qu’ajouter, si ce n’est qu’en tant que maraîcher j’utilise en grande partie les semences que je produits pour eux. A ce jour je n’ai jamais eu un lot vendu à Kokopelli qui ne germait pas chez moi à minimum 80-90 % , et la plupart du temps à 100 %. J’achète également des semences à d’autres enseignes et ,bien souvent j’en suis désolé, la qualité de germination est moindre, sans être pénalisante toutefois.

 Enfin -avant de retrouver Morphée- concernant la gestion collective et vivante des semences. Bien que je partage cette vision, il me semble qu’elle n’a pas nécessairement lieu d’être chez Kokopelli. La gamme présente est bien trop large pour y prétendre sérieusement et le travail d’accompagnement dans le maintien de certaines variétés trop lié localement et culturellement (pour info, il existe cependant bien depuis peu un forum des producteurs de Kokopelli pour favoriser les échanges, mais celui-ci tâtonne encore et concerne essentiellement les aspects technique de la production). Oui Kokopelli maintient l’image d’un catalogue pléthorique et d’une fabuleuse diversité de variétés, mais en quoi ceci renforce « une logique de consommation individuelle » ? Je pense que Kokopelli s’est toujours vu comme un passeur de semences, de semences en pollinisation ouverte laissant chacun libre de reproduire et gérer collectivement s’il le souhaite une variété ou un ensemble de variétés (il y a d’ailleurs localement différentes associations qui œuvre dans ce sens, je peux citer autour de chez moi Agrobio Périgord qui travaille sur des variétés locales de maïs population).

Voilà en gros ce que je pouvais dire et/ou rectifier de mon point de vue de producteur, espérant avoir pu apporter un autre éclairage. Je reste disponible, autant que la charge de travail d’agriculteur me le permette, pour répondre à tout question ou même recevoir une véritable équipe de journaliste sur mon lieu de production.

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