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9 mai 2015, 11:45, par Julien Tewfiq

Ce n’est pas tant en touchant une subvention de l’État (ou d’une mairie ou d’une autre institution) que ce dernier « rentre dans les têtes » ! C’est plutôt parce que quasiment plus personne n’imagine qu’il puisse être possible d’éditer un livre ou un journal, monter une pièce de théâtre, une librairie ou un élevage de chèvres, sans le soutien de l’État.

Il n’y a qu’à voir la tête de certains lecteurs de CQFD quand on leur explique que non, nous ne touchons aucune subvention (à part celle concernant les envoies postaux). Il leur semble impossible de pouvoir faire un journal sans subvention ni publicité.

L’exemple du théâtre est tout à fait révélateur de cela quand les apprentis comédiens et comédiennes ne disent plus vouloir devenir comédiens ou comédiennes mais... Intermittents du spectacle. C’est à dire que pour se reconnaitre soi-même « artiste » il faut correspondre à des critères fixés par l’État ou du moins sous son patronage. Cela ne veut pas dire que tous les intermittents sont des « suppôts de l’État » mais qu’en effet l’État est dans nos têtes, telle un évidence indépassable et indispensable.

Une des conséquences de cet état d’esprit, pour garder l’exemple du théâtre, c’est que les comédiens et comédiennes entretiennent des relations de plus en plus individuelles (ou individualistes, même) avec leur art (et, en fait, avec leur statut d’intermittent) : chacun sa merde pour obtenir et conserver son statut, faire ses heures... au détriment d’une démarche « de compagnie » qui demande un réflexion et une organisation collective pour développer un modèle économique viable.

Je dirais que l’État ne rentre pas dans nos têtes parce qu’il nous verserait « royalement » un RSA, une subvention ou des transports en commun gratuits ! Mais parce que nous n’imaginons même plus d’alternative ou même de dispositifs pour aller au delà de ces aides, réduits que nous sommes à nos petits moyens individuels. Et lorsque l’État se désengage, le piège se referme : nous voilà livrés aux intérêts des puissances économiques privées.

Voilà pourquoi il y a, bien sûr, du sens à lutter contre le désengagement de l’État, de l’école, de l’aide sociale (voir les articles concernant l’Angleterre dans ce numéro !), de la santé... Mais aussi pourquoi nous ne pouvons pas, nous ne devons pas, nous en contenter ! Sortir l’État de sa tête, ce n’est pas forcément renoncer à son RSA ou à sa CMU, mais refuser de s’en contenter ! Et peut-être qu’un jour nous pourrons même nous en passer ?

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