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Un virus et un squat

On vous en parlait le mois dernier1 : au squat Bugatti, dans la périphérie de Strasbourg, la crise sanitaire a rendu la vie des habitant·es encore plus précaire. Depuis, le virus a fait un mort.

« Ici tout le monde tousse, confiait fin mars un habitant. Mais c’est la saison des allergies, non ? » À l’époque déjà, la maladie planait autour du squat Bugatti et de ses quelque 200 résident·es – des exilé·es en majorité. Un mois plus tard, le bilan est sévère : de nombreux cas de coronavirus, plusieurs personnes hospitalisées et un décès.

Fin mars, une douzaine de personnes vulnérables avaient été testées positives et transférées vers un « centre de desserrement », structure où sont accueillies des patient·es sans logement, afin d’assurer leur isolement et leur suivi médical. Un mois après, la plupart de ces malades, désormais guéris, sont revenus. Considérées comme n’étant pas « à risque », d’autres personnes n’ont pas été dépistées mais ont ensuite présenté des symptômes.

Surtout, un père de famille, contaminé, est mort à l’hôpital. « Que peut-on faire pour sa femme et ses neuf enfants  ? », s’émeut un résident. Une centaine d’habitant·es du squat, dont la famille de l’homme décédé, ont été provisoirement relogé·es dans des hôtels. Bien que les chambres soient partagées par deux, trois, voire quatre personnes, ces relogements représentent une amélioration certaine pour les ancien·nes résident·es du squat. L’un glisse même : « Je sais que c’est pas bien de dire ça, mais j’espère que ça va durer… » L’après-confinement reste incertain. Faudra-t-il retourner au squat ? Le pourra-t-on seulement ?

Une soixantaine d’hommes seuls vivent encore sur place. Le SIAO (Service intégré de l’accueil et de l’orientation départemental, dont dépend le 115) leur fournit des colis alimentaires et des tickets pour se procurer des produits d’hygiène. Récemment, une distribution s’est soldée par une bagarre. Des associations apportent parfois des repas. La mairie a fourni des douches, des toilettes sèches et des points d’eau à l’extérieur. Mais les conditions de vie sur place n’ont pas fondamentalement évolué. Sur le seuil du lieu, je parle avec un résident. On regarde le squat de l’extérieur : « Ici, c’est toujours difficile. C’est flagrant, non  ? »

Justine Partouche
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