Scène

Théâtre vs prison : Clara contre le grand renfermement

Une cage en tulle, un banc d’écolier, la pénombre. En coin une silhouette qui se tord de douleur. Clara est au mitard et elle a mal. Elle suffoque, récite une prière, hurle sa rage. On ne sait rien d’elle ou si peu. Elle est née en 1969 à Marseille. Elle croupit à Fleury. La prison, ce n’est pas de sa faute, c’était de la légitime défense. Le mitard, c’était aussi pour sauver sa peau. Les deux sœurs qui partageaient sa cellule ont voulu lui crever l’échine.

Clara 69 est un texte rude et oppressant, parfois mystique, extrait du Triomphe de l’échec de Gildas Milin (Actes Sud, 1997). L’auteur dressait un sombre portrait de la condition carcérale. Le metteur en scène, Charles Compagnie, et l’actrice, Julia Ragain, en ont fait un subtil brûlot contre les prisons.

Elle est seule sur scène durant cinquante minutes et occupe tout l’espace. Pantin dégingandé, combattante véloce, son corps est une arme. La vidéo multiplie sa silhouette à l’infini, la sono amplifie le battement du cœur. Torture sensorielle. Pas une hésitation dans ce long et flamboyant monologue, un jeu parfait qui va crescendo. Et quand vient le temps de tirer la révérence, l’actrice installe un assourdissant et interminable silence. Froid comme la taule.

Monté en 2009 à Lille, joué en Avignon durant tout le mois de juillet 2011, repris en 2013-2014 dans des squats et lieux militants (au Condensateur, au Transfo), ce spectacle était donné en ouverture de la soirée de soutien à CQFD organisée le 22 juin au Centre international des cultures populaires. À faire tourner !

Clara 69, un spectacle de la compagnie Ta Zoa (Les vivants). Contact : cie.tazoa@gmail.com.

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