Pour faire rimer révolution avec les plus tartes réveillons

Que veux-tu pour ta Noël, mon petit chou ?

Le petit chou, il veut Le Nouveau Monde amoureux de Charles Fourier, réédité aux Presses du réel. Il paraît que ça indique comment transformer n’importe quelle corvée en partie de plaisir. Et comment nos manies sexuelles les plus insolites pourraient avoir une véritable utilité sociale.

À l’usage particulier des explorateurs de la pensée risque-tout et du langage extraordinaire, si riche en néologismes surprenants, de l’utopiste, le même éditeur sort un très déraisonnable Index fouriériste. Escorté par un CD-rom contenant les œuvres complètes de Fourier (tout Fourier sur quelques centimètres !), consultable au format PDF, cet outil d’approche inespéré confronte les story-boards du génial visionnaire du XIXe aux possibilités actuelles de la science et de la technologie. Ce qui fait que, pour le malheur des indignés pisse-froid, une révolution anarcho-fouriériste s’expérimentant dans la jouissance effrénée s’avèrera peut-être bientôt parfaitement envisageable.

D’autres idées de livres cadeaux corrosifs. La Civilisation et le travail de William Morris (Le Passager clandestin). Moins radical que Fourier (mais quel utopiste ne le fut pas hormis Déjacque et Coeurderoy ?), le britannique Morris, à la fin du XIXe, n’en invite pas moins les pue-la-sueur à repenser totalement le travail, à opposer au productivisme capitaliste abrutissant et insensé une « vision du travail héritée des arts populaires où l’artisan, maître de tous les aspects de son art, connaît à la fois un repos abondant, le plaisir créatif » et la satisfaction d’être en phase avec une communauté sympathique. Critiquant sans quartier par ailleurs le militarisme, le colonialisme, l’esprit de concurrence, la propriété privée des moyens de production, la publicité (déjà !), la destruction de la nature ou le « réformisme tiède », les deux conférences (1884 et 1886) recueillies ici sont introduites balèzement par Anselme Jappe, la terreur des glorificateurs du travail corniaud.

Être radical (Aden) de Saul Alinsky, surnommé facétieusement « l’enfant de Marx et d’Al Capone ». Publié pour la première fois dans le climat politico-social explosif des States de 1971, l’épopée captivante de la création du Community Organizing entendant guerroyer avec punch et imagination en vue d’obtenir illico de meilleures conditions de vie dans les ghettos pourris de Chicago.

Le Quartier sans soleil de l’agitateur communiste Tokunaga Sunao (Éditions Yago). La ressortie d’un point d’orgue de la littérature japonaise émeutière qui, inspiré par une grève corsée réprimée sanguinairement dans une imprimerie de Kyôdô, décrit puissamment la lutte du petit peuple contre les grands patrons, les traîneurs de sabre de la police et le clergé bouddhiste.

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1 commentaire
  • 3 février 2014, 14:43, par emmanuelle fabre

    « Pour faire rimer révolution avec les plus tartes réveillons » Noël Godin

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