Décryptage de la crise ivoirienne

Pompiers pyromanes en Côte d’Ivoire

Qui a remporté les élections en Côte d’Ivoire ? Depuis début décembre, les médias nous le répètent en boucle : c’est Alassane Ouattara, tandis que l’usurpateur Laurent Gbagbo, le chef d’État sortant, refuse de partir. Au fil des JT se dessine la figure du gentil démocrate, combattant, aux côtés de la France et de l’ONU, un méchant dictateur. Aussi simple que ça ? Pas si sûr. Décryptage de la crise ivoirienne par Rafik Houra, de l’association Survie.

CQFD : Rafik, tu es membre de Survie, l’association de lutte contre la Françafrique.

Rafik Houra : J’écris régulièrement dans Billets d’Afrique, le mensuel édité par Survie. Je me suis spécialisé sur la Côte d’Ivoire.

Quelle est la position de Survie face à la crise ? Soutenez-vous Gbagbo ou Ouattara ?

Ni l’un, ni l’autre ! Nous essayons de situer les responsabilités françaises dans cette crise. En tant que citoyen français, j’ai un droit de regard sur ce que fait l’État en mon nom. C’est le sens du combat de Survie. Et en Côte d’Ivoire, il y a beaucoup à dire !

Quelles sont les responsabilités françaises ?

Pour comprendre, il faut remonter le temps. En 1960, De Gaulle accorde l’indépendance à la Côte d’Ivoire. C’est une façade. Pendant plus de trente ans, Houphouët-Boigny règne, bardé de conseillers français. L’armée et les entreprises françaises prospèrent. La Côte d’Ivoire était la vitrine de la Françafrique. Mais au début des années 80, la contestation gronde. L’universitaire Laurent Gbagbo est une des figures des manifestations étudiantes. Il dénonce l’autocratie d’Houphouët. En 1982, il crée un parti clandestin qui, à coups de manifestations, réussit à obtenir le multipartisme en 1990. Pour la plupart des Ivoiriens, Gbagbo, c’est l’opposant historique à Houphouët. Depuis la tuerie de 20041, il apparaît aussi comme un résistant face à l’impérialisme français.

par Caroline Sury

Quel est le lien entre Gbagbo et le PS, à cette époque ?

De 1982 à 1988, Gbagbo s’exile en France. Il se rapproche de certains socialistes dont Guy Labertit, l’un des messieurs Afrique du PS. Mais Mitterrand, ami politique d’Houphouët depuis les années 50, ne voit pas Gbagbo d’un bon œil... Gbagbo a néanmoins gardé des appuis au PS, on l’a vu dernièrement avec Emmanuelli, Dumas ou Cambadélis.

Et Ouattara, c’est aussi un opposant politique à Houphouët ?

Ouattara, c’est un autre parcours ! Dans les années 80, la Côte d’Ivoire traverse une grave crise : le cours du cacao s’effondre, l’État est en banqueroute. Houphouët se tourne vers la Banque mondiale et le FMI. Les institutions néolibérales acceptent de renflouer les caisses si Houphouët applique leurs plans d’ajustement structurel. Lui qui n’avait jamais eu de Premier ministre, on finit par lui en imposer un : Ouattara. C’est un économiste libéral formé aux États-Unis, ancien directeur adjoint du FMI. Il fréquente la haute société. Son épouse, française, gérait les nombreux biens immobiliers d’Houphouët.

Ouattara est un ami de Sarko, non ?

Absolument. Pour la petite histoire, Sarkozy a marié Ouattara à Neuilly... Premier ministre, Ouattara coupe dans les budgets sociaux et privatise à tour de bras. Un festin pour les entreprises françaises !

C’est de cette période que date l’opposition entre Gbagbo et Ouattara ?

À l’époque, tout les sépare ! Gbagbo l’agitateur socialiste, Ouattara l’homme du FMI... Sous le fidèle Premier ministre d’Houphouët, Gbagbo passe huit mois en prison.

Comment Gbagbo est-il arrivé au pouvoir ?

Quand Houphouët décède, son dauphin Konan Bédié prend la suite. Sa politique est désastreuse. En 1999, des soldats le renversent. Le général Guéï qui dirige la junte promet des élections. Elles ont lieu en 2000, mais Guéï manipule la constitution pour disqualifier Bédié et Ouattara. Ce dernier est évincé sur le critère nauséabond de l’ivoirité.

Ouattara n’est pas ivoirien ?

Si, mais il est d’origine burkinabé. Le débat sur la nationalité de Ouattara date de l’époque Bédié. C’est l’entourage de Bédié qui a fait la promotion de l’ivoirité. Cette idéologie xénophobe et ethniciste décrivait une échelle allant des Ivoiriens « multiséculaires » aux Ivoiriens « de circonstance ». Ce concept a servi à écarter Ouattara. Mais plus généralement, il a jeté un doute sur la nationalité des populations du Nord, qui portent souvent des patronymes guinéens, maliens ou burkinabés.

Qui gagne les élections ?

Gbagbo, et c’est une surprise. Le général Guéï empêche la proclamation des résultats, mais Gbagbo prend les devants et s’annonce vainqueur. Le bras de fer s’engage dans la rue, Gbagbo finit par l’emporter. Entre-temps, il y a des affrontements avec des partisans de Ouattara qui réclament une élection pluraliste. Les similitudes avec 2010 sont frappantes.

Comment réagit l’Élysée ?

Chirac doit avaler son chapeau ! C’est la cohabitation. Chirac voulait que Bédié soit remis en selle, Jospin aurait dit non. Pour les socialistes, la victoire de Gbagbo était bonne à prendre. Mais dès 2002, une rébellion pro-Ouattara éclate au Nord du pays. Il faut dire que Gbagbo ne s’est pas démarqué du concept d’ivoirité instrumentalisé par ses deux prédécesseurs et garde la constitution de 2000.

2002, c’est aussi l’année où Chirac revient aux commandes...

Eh oui. Face aux rebelles, Gbagbo demande l’aide de la France, en vertu des accords militaires signés sous Houphouët. Chirac refuse, puis déclenche l’opération Licorne. 5 000 soldats français coupent le pays en deux et gèlent le front. La rébellion contrôle le Nord, Gbagbo le Sud.

L’armée française aurait pu repousser les rebelles, comme au Tchad en 2008...

Bien sûr ! Elle aurait aussi pu laisser les rebelles renverser Gbagbo, mais en étaient-ils capables ? La diplomatie française a maintenu Gbagbo, mais sous une épée de Damoclès. Puis elle s’est efforcée de le dépouiller de ses pouvoirs en accroissant le poids politique des rebelles, présentés dans nos médias comme des victimes de l’ivoirité. En 2003, lors des accords de Marcoussis, l’Élysée a imposé l’entrée des rebelles dans le gouvernement. En 2007, le leader rebelle Guillaume Soro est devenu Premier ministre, suite aux accords de Ouagadougou.

Depuis 2002, la France joue un rôle d’arbitre...

C’est une stratégie de pompier pyromane, avec une constante : maintenir les intérêts français. Et c’est un succès. Depuis 2003, Gbagbo fait le bonheur de nos grands patrons.

Quels sont les intérêts français sur place ?

Nombreux, dans les télécoms, les fruits tropicaux, le secteur bancaire et le BTP. Bolloré contrôle le port d’Abidjan, le chemin de fer, et de vastes plantations de palmiers à huile et d’hévéa, très rentables. Bouygues contrôle les distributions d’eau, d’électricité, et possède d’importants contrats dans le gaz. Total possède 25 % de la raffinerie et détient 60 % d’un permis d’exploration très prometteur.

Le conflit a dû perturber les Français depuis 2002...

C’est vrai pour les PME et PMI. Mais pas pour les grandes entreprises. Bouygues a remporté le juteux marché du troisième pont d’Abidjan. Sagem était l’opérateur technique préparant les élections2. Vinci travaille sur les chantiers pharaoniques de la capitale, Yamoussoukro. La France reste le premier partenaire commercial.

Gbagbo a-t-il mené une politique sociale ?

Il a beaucoup promis : la gratuité de l’école, l’assurance maladie universelle... Dans les faits, ses réalisations sont rares. À sa décharge, il gouverne depuis 2002 un pays divisé, difficilement gérable.

Venons-en aux élections de décembre 2010. Sont-elles démocratiques ?

Survie n’a pas envoyé d’observateurs ! Ce n’est pas notre rôle. Ce que je peux dire, c’est que les conditions n’étaient pas réunies pour éviter une large fraude, particulièrement au Nord. En effet, une partie des accords de paix n’a pas été respectée, celle qui concerne le désarmement des rebelles et la réunification du pays. Voter dans ces conditions était absurde. Quant à la Commission électorale indépendante (CEI), les rebelles y étaient surreprésentés. Pendant les trois jours dont elle disposait pour proclamer les résultats, la CEI n’a pas trouvé de consensus. C’est finalement sous la protection et les encouragements des ambassadeurs français et américains que le président de la CEI a pris l’initiative d’annoncer la victoire de Ouattara. C’est un passage en force, aussitôt validé par la France, les États-Unis et l’ONU.

Dans ces conditions, pourquoi Gbagbo n’a-t-il pas refusé les élections ?

Il jouait la montre depuis cinq ans, mais en 2010 les pressions devenaient sans doute trop fortes. Je pense que les deux camps se sont préparés à la situation actuelle.

Pourquoi les médias français donnent-ils une vision si simpliste de la situation ?

Les journalistes sont sous pression, ils répètent sans vérifier. Je ne crois pas qu’il s’agit d’un complot. C’est le fonctionnement actuel des médias.

Comment vois-tu la suite ?

Gbagbo et Ouattara disposent chacun d’une forte assise populaire. Les populations du Nord, très présentes à Abidjan, offensées par la rhétorique de l’ivoirité, s’identifient en grande partie à Ouattara. Mais Gbagbo est légèrement majoritaire à Abidjan. Il pourrait sans doute, comme en 2004, mobiliser beaucoup d’Ivoiriens contre l’ingérence étrangère. Malheureusement, tous les ingrédients d’un affrontement dramatique sont en place. Il y aurait déjà plus de 200 morts. Le battage médiatique en France et dans le monde prépare les esprits à une intervention militaire.

Mais de qui ? L’armée française ?

Peu probable. Le risque d’une réaction populaire est trop fort, surtout depuis la tuerie de 2004.

L’ONU ?

Je ne crois pas. L’ONU est perçue comme l’outil des puissances occidentales. Et puis les casques bleus présents sur place ne sont pas formés pour une véritable opération militaire. On parle beaucoup de l’Ecomog, l’armée nigériane sous mandat de la CÉDÉAO3. Elle avait commis de nombreux crimes au Libéria et en Sierra Leone. Dans tous les cas, une intervention risque d’être un désastre pour la population. Il faut tout faire pour éviter une guerre civile.

Un espoir ?

Oui, la population ivoirienne. Ni l’ivoirité, ni le putsch de 1999, ni ces huit années de crise n’ont entamé le courage et la tolérance des Ivoiriens. Il faut écouter la société civile ivoirienne, qui appelle à un apaisement entre les deux camps et refuse l’affirmation de la victoire de l’un sur l’autre. Et nous, en tant que citoyens français, dénonçons l’irresponsabilité de nos représentants. Croire que l’élection sortirait la Côte d’Ivoire de la crise était un leurre. Elle est plus que jamais l’otage de ses leaders politiques. Aucun d’eux ne sera capable à lui seul de guérir la société ivoirienne de ses plaies.


1 En novembre 2004, au cours d’une offensive de l’armée ivoirienne sur les zones rebelles, neuf soldats français de l’opération Licorne trouvent la mort. Craignant un putsch orchestré par l’armée française après qu’elle a détruit l’aviation militaire ivoirienne, des manifestants envahissent certains quartiers d’Abidjan. L’armée française tire sur des manifestants, faisant plus de soixante morts.

2 Le contrat est grimpé à 200 millions d’euros.

3 Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest.

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5 commentaires
  • 7 février 2011, 20:28, par Fredd

    Non mais, arrêtez un peu d’être aussi simpliste que ça, vous qui êtes en France et jeter ce regard froid sur la Côte d’Ivoire. Si vous n’aimez pas Sarkozy, il ne faut pas rejeter ce anti-sarkozysme sur Ouattara et la CI. Et je demande à tous ces intello africains qui vivent en France et la critiquent de rentrer en Afrique, chacun dans son pays pr comprendre la réalité de ce qui s’y passe. Venez en Côte d’Ivoire et vous comprendrez le niveau de xenophobie atteint par une frange de la pop. LMP pour ne pas les nommer. Vous pensez qu’ils vous aiment tellement, qu’ils sont les pourfendeurs de la Françafrique, mais je suis desolé, venez et vs comprendrez, gbagbo n’a absolument rien d’un panafricaniste, il n’y a jamais eu autant d’entreprises françaises en CI que sous son règne http://www.connectionivoirienne.net..., il n’y a jamais eu autant d’exactions sociales en CI que sous gbagbo, c’est un vil personnage qui ne lutte que pour lui et la vengeance de son clan sur les baoulés et la CI. Mais la politique et la gestion d’un pays ne saurait être une affaire tribale.

    La verité est que depuis 10 ans, la democratie a largement reculé en CI, depuis 10 ans, il n’y a eu aucune avancée ni democratique ni social en CI. Et la population, excedée de tous ces abus a voté pour le candidat ADO. Dire qu’il y a eu des fraudes immenses au Nord, c’est faire injure à l’intelligence des hommes là où malheureusement pour gbagbo et ses affidés, la RTI nous a largement gavé de larges extraits de la CI, le dimanche 28/11/2010 et lundi 29/11/2010. Nous y avons tous vu des reportages sur une journée de scrutins calme aussi bien au nord, au centre, qu’à l’ouest. Ne rechignez pas à demander les reportages de la RTI, vous serez édifiés. De plus, c’est oublier qu’il y a eu 1500 soldats FDS partis du Sud pour renforcer le CCI afin de proceder à la securisation de cette journée électorale. Si tant est-il qu’il y avait eu tellement de violence et de fraude au Nord, on aurait largement eu echo de combats ou à tout le moins d’accrochages entre FDS et Forces Nouvelles. Pourtant, on n’a rien entendu de tel, rien vu et à partir du lundi 29/11, vu que tt le monde avait les resultats, et LMP se sachant perdant, M. Affi commence à passer à la Téle pour pretexter de violences, on arrête de nous présenter les reportages sur les villes de l’intérieur, on fait déguerpir les journalistes de la CEI, on interdit à la télé de retransmettre la proclamation des resultats, et ensuite l’escalade, les resultats arrachés des mains du porte-parole en direct, menaces physiques sur les membres de la CEI afin que le soi-disant delai de forclusion soit atteint. Malgré tout ça, ADO est proclamé vainqueur, par la suite le conseil const. rentre dans la danse et proclame gbagbo vainqueur en annulant les resultats de 7 departements. Mais c’est terrible !! Est ce que vous vous imaginez un peu ? Mais ça revient à leur denier leur droit à la citoyenneté, leur droit d’existence, leur droit de vie à tous ces electeurs dont les voix ont été annulées. Vous imaginez cela possible en France ou en Allemagne ou encore ds n’importe quelle autre democratie ? Au demeurant, pour tous ces constitutionnalistes proclamés de LMP et pour vous aussi M. Rafik, avez vous lu l’art. 64 nouveau de la constitution ivoirienne ? M. Yao Ndré n’aurait eu qu’à invalider ces resultats et decider d’une date de reprise des elections soit partielles soit sur tout le territoire. Cette decision aurait été difficile à admettre mais serait quand même passé, parce que respectant la constitution. Donc, arrêtez d’inventer des concepts hasardeux de panafricaniste pour gbagbo, parce q lui s’en fout et meprise royalement de tout le monde de vous même M. Rafik, des camerounais, des ghanéens, des Equato-guinéens et que sais-je encore. C’est un raciste pur et dur. A preuve, la derniere interview du representant LMP en France, M. David Lasme : http://www.connectionivoirienne.net..., à part eux rien d’autre ne doit exister. Tout ce debat sur la Françafrique n’est que de la poudre versée aux yeux du monde pour gagner du temps, gbagbo a perdu les elections tout simplement, est ce q en perdant une finale de coupe du monde, on crée un incident diplomatique ? on se prepare et on revient mieux aguerri. Je vous donne le lien sur le rapport des préfets de ces régions invalidés par LMP :http://www.lesafriques.com/actualit.... Aujourd’hui ces representants de l’Etat sont voués aux gemonies pour avoir soutenu que l’election s’est bien passé et que ADO l’a remporté haut la main. Mais je vous exhorte à venir en CI, à braver vos peurs et craintes, et venez enquêter serieusement sur ce qui s’est passé, SVP ne restez pas à Paris ni dans les bureaux feutrés du Plateau ou ne restez pas assis en train de regarder la RTI qui ne diffuse que des mensonges et des montages grossiers à chq edition du JT. Descendez ds les bas quartiers, allez à l’interieur, allez à Abobo, Treichville, Cocody, rencontrez tout le monde, tous les protagonistes en CI et posez de vraies questions, alors vous comprendrez, ça sera au choix, soit vous comprendrez que gbagbo a perdu et ne fait que tuer des gens chq jour pr se maintenir au pouvoir soit vous vous ferez trucider par des soldats LMP lorsqu’ils se rendront compte que vous cherchez à trop comprendre la situation. Demandez à Al Moustapha ancien « jeune patriote » qui a failli passer de vie à trépas pour avoir osé denoncer le biffage des voix d’ADO : http://www.connectionivoirienne.net..., demandez à Raila Odinga comment après avoir fait un enregistrement des aveux de gbagbo a été pris à parti par LMP.

    Cordialement et à bon entendeur, salut !!

    Un jeune ivoirien qui avait 23 ans en 2000, qui a voté gbagbo et a été profondement deçu du desastre de sa gestion de la Cité. Je ne peux mettre

  • 7 février 2011, 22:10, par nanble

    Votre analyse de la situation ivoirienne est globalement bonne. Je vous reproche de ne pas insister assez sur la question de l’ivoirité inventée par Bédié et instrumentalisée par Gbagbo. Vous avez ignoré les morts de 2000 (charnier de Yopougon) et de mars 2005 majoritairement du nord. Ces morts sont la conséquence de cet hideux concept d’ivoirité. La rebellion est une conséquence de l’ivoirité même si on ne doit pas excuser les morts qu’elle a occasionnée notamment à Bouaké (gendarmes et leur famille). Je comprends que vous ne cautionniez pas les actes de la françafrique, moi non plus. Vous dites que la communauté internationale aurait dû comprendre que les élections ne résoudraient pas la crise. Mais l’ensemble de la classe politique ivoirienne a convenu qu’il fallait des élections, opposition comme gouvernement. D’ailleurs le gouvernement était déjà un gouvernement d’union national. Mais, concernant les élections de 2010, vous dites que l’Onu est perçue comme l’outils des puissances occidentales. Vous évoquez là le point de vue du camp Gbagbo depuis la proclamation des résultats. Avant, il n’y avait jamais eu de problème avec L’Onu. Le decrét du chef de l’état convoquant les électeurs au second tour faisait mention de la certification qu’avait fait l’Onu concernant les résultats du premier tour. Il est donc plus exact de dire qu’une partie des ivoiriens, le camp Gbagbo considère l’Onu comme l’instrument des occidentaux. La majorité des ivoiriens fait confiance à l’Onu. Vous insinuez qu’il y a eu de larges fraudes dans le nord sans apporter la moindre preuve. Vous ne pouvez pas ignorer que Gbagbo a déployé 1500 soldats dans le nord, que les préfets en place, nommés par Gbagbo ont dit que les élections s’étaient globalement bien passées. Le représentant spécial de l’Onu, Mr Choi a dit qu’il qu’il y avait eu plus de troubles dans le centre ouest (fief de Gbagbo) que dans le nord et les irrégularités relevées n’étaient pas de nature à changer le résultat d’ensemble de l’élection. Les observateurs et journalistes étrangers ont salué le déroulement de ces élections. Le véritable problème de la Côte d’Ivoire est que le camp Gbagbo a fait siennes depuis longtemps les thèses de l’ivoirité. Vous avez raison de dire que la majorité des ivoiriens est éprise de paix et est tolérante. Je crois donc qu’il faut contraindre Gbagbo a quitté le pouvoir pour permettre à la Côte d’Ivoire de sortir de cette impasse.

  • 7 février 2011, 23:37, par Michel

    Mais au fait, qu’en pensent les intellectuels africains ?

    http://www.slateafrique.com/183/pou...

  • 9 février 2011, 01:20, par coultid

    Les patronymes du nord de la Côte d’Ivoire ne sont ni de la Giunée ni du Mali ni du Burkina Faso. Ce sont des patronymes que ces peuples partagent. Pour la plupart ayant des ancêtres descendants des Grands Empires de la boucle du fleuve Niger. Si Survie n’a pas observé les élections en Côte d’Ivoire, Survie fait de la délation en affirmant que « les rebelles etaient surreprésentés dans les bureaux de vote » En Côte d’Ivoire, lors des élections les autorités préfectorales requisitionnent les fonctionnaires afin que ceux-ci se chargent du déroulement de l’opération de vote dans les bureaux. Donc ce sont pour la plupart des fonctionnaires qui étaient dans les bureaux ; ou souvent des représentants de partis politiques. Ainsi le candidat Gbagbo avait la plus large couverture électorale avec plus de 97% alors que Ouattara n’avait que 92%. Rafik pourrait à mon avis remarquer que les circonscriptions annulées sont dans le fief d’un candidat : Ouattara Rafik pourrait dire que la Côte d’Ivoire, ce n’est pas que le sud et le nord. Il ya l’ouest, l’est et le centre aussi. Il est à remarquer que Gbagbo n’a pas gagné dans toutes les regions. Rafik pourrait dire aussi clairement qu’une élection ne se gagne pas par la rue. Mais dans les urnes. Beaucoup longtemps, Ouattara a été écarté des échéances électorales. Cette fois surement, il mérite le fauteuil présidentiel... Rafik devra se renseigner d’avantage sur les origines réelles des hommes politiques ivoiriens. Pour sa gouverne Alassane Ouattara n’est pas d’origine burkinabée, même si l’empire crée par son aïeul Sékou Ouattara, empéreur de l’empire de Kong, avait des royaumes qui s’étendaient jusqu’en Haute-Volta, actuel Burkina faso. Il est vrai que le père du président Ouattara avait hérité d’un royaume situé dans l’actuel Burkina Faso. Mais il faut remarquer que son père fut un riche commerçant et transporteur qui faisait ses affaires dans les pays de la sous region.Sa mère est originaire d’Odiénné en Côte d’Ivoire. D’ailleurs pour la petite histoire, c’est le père à Ouattara qui conduisit le président Houphouët Boigny à la création du RDA à Bamako. Et l’on raconte qu’à leur retour le véhicule se renversa et eux, avec ! Pour finir, nous voudrions faire remarquer à Survie que la Côte d’Ivoire doit son essort économique à une politique de partenariat serieux avec la France. Cela se voit dans tout le pays qui malgré tout, à meilleure mine que dans les pays voisins. Faut pour cela des hommes qui garantissent la paix. Mais Gbagbo n’en est pâs un !!!!. Bien à vous

  • 9 février 2011, 19:59, par Marti

    Survie me déçoit... par une lecture de la crise avec un filtre largement idéologique et oublieuse de faits graves... Quid les détournements de la filière café-cacao ??? quid des revenus du pétrole non inscrits dans le budget de l’Etat ? les déchets toxiques ce sont les rebelles qui les ont acceptés et transportés dans plusieurs points à Abobo et ailleurs à Abidjan ? Pourquoi la ville, l’école (nous ne parlerons pas de la violence et des exactions de la FESCI !), la santé, les routes et l’assainissement sont-ils dans cet état (Merci pour ce magnifique carrefour Indenié : trous, embouteillages et boue ! pour quel budget ??) Au moins sur le sud n’aurait-il pas pu gérer gérer correctement ce qui « restait » ??? Mais tout ceci s’est « géré » on sait comment par le clan Gbabgo... Détournements massifs, corruption aggravée. Population qui s’est appauvrie (49% de la population ivoirienne selon l’INS) alors que d’autres se font construire des châteaux dans les quartiers des nouveaux riches (Golf, Riviera, etc.). Et le charnier de Yopougon ? et les escadrons de la mort de l’année 2000 ? Le rapport d’Human Rights Watch de 2001 nous rappelle (n’en déplaise aux mémoires courtes et sélectives) que la violence était là, malheureusement, déjà avant la rébellion de 2002… @|LIEN3954428|W2h0dHA6Ly93d3cuaHJ3Lm9yZy9mci9uZXdzLzIwMDEvMDgvLi4uLT5odHRwOi8vd3d3Lmhydy5vcmcvZnIvbmV3cy8yMDAxLzA4LzI4L2MtdGUtZGl2b2lyZS1kZXMtaG9tbWVzLXBvbGl0aXF1ZXMtaW5jaXRlbnQtbGEtaGFpbmUtcmFjaWFsZV0=|@ : La manipulation politique de l’ethnicité en Côte d’Ivoire : « en 70 pages il décrit les atrocités commises lors des élections présidentielles et législatives d’octobre et décembre 2000 et s’appuie sur des entretiens approfondis effectués fin 2000 et début 2001 auprès de victimes et de témoins. Le rapport fait état de plus de 200 morts, mais également de tortures, de viols et de détentions arbitraires. » Oui c’est Gbagbo qui a laissé faire le pire en enfourchant le cheval de l’ivoirité de Bédié et sans sanctionner toutes ces violations des DH... Il est vrai que pour CQFD comme pour SURVIE tout gouvernant africain qui déclare refuser le joug de la fancafrique est forcement en odeur de sainteté et on est tenté de fermer les yeux sur les « dommages collatéraux » de leur gouvernance... il est vrai que le PS a longtemps fait de même pour d’autres pays... sur le panafricanisme de L. Gbagbo : http://fr.globalvoicesonline.org/20... Ceci n’enlève rien à la barbarie de certains éléments de la rébellion qui a beaucoup tué (gendarmes, etc.) et dans des conditions également atroces. On ne peut que souhaiter que tous, de quelque « camps » qu’il soit passe devant un juge qui juge sans pression et de manière non partisane. La passion a pris le pouvoir en CI et emprisonne l’intelligence et la raison. au motif que la rébellion a tué, beaucoup nient les exactions post électorales du camps Gbagbo. Pourtant elles sont bien réelles et tout aussi cruelles. http://www.lemonde.fr/idees/article... Human Right Wach Il faut dénoncer la violence d’où qu’elle vienne. Pour la situation actuelle l’analyse du Crisis Group me semble pertinente : http://www.afrik.com/article21933.html Enfin, et sur le déroulement des élections, on vois que même Survie a fait les frais de la désinformation massive de la LMP (RTI et consorts) ! Allez lire les rapports de l’Union Européenne, du Centre Carters et regardez à nouveau les bandes de la RTI tout au long de la journée du 28 : tout se passe globalement bien au nord. Les pires exactions, morts, vols d’urnes, empêchements de voter ont été au centre et dans la régions de l’Agnébi... http://www.eueom.eu/eu-eom-cotedivo...LANG=fr il y a aussi le Centre Carters, l’Union Africaine, etc. qui ont dit que les élections s’était globalement bien déroulées sauf... Quand à la violation du Code électoral par le Conseil Constitutionnel, veuillez regarder à la fin du rapport de l’Union Européenne une analyse qui vous éclairera. et pour ce qui concerne la liberté de la presse en CI, il faudra aussi revoir votre copie... France 24 et TV5 toujours interdites. RFI et BBC l’ont été pendant des semaines. et le responsable du Centre National de la Presse vient d’etre limogé. http://news.abidjan.net/h/390261.html Eugène Kacou limogé . La RTI diffuse des mensonges en boucle et il n’y a aucune place pour une voix discordante au concert de louange au PR Gbagbo... il y aurait bien d’autres choses à dire tant ce à quoi nous assistons est décevant pour la démocratie en Côte d’ivoire et le respect des droits humains. J’ai cru en Gbagbo au temps d’Houphouet... comme beaucoup j’ai espéré une autre gouvernance au profil du peuple. Dernièrement, j’ai cru qu’il allait avoir l’honneur de reconnaitre sa défaite (51% en ayant annulé 7 départements et 600000 voix !!! honnêtement, on sait qu’il a perdu ! et qu’il relance les causes de la rébellion : l’exclusion du nord et la relégation des populations en citoyens de seconde zone...). Il faut entendre les discours de haine et d’exclusion de la RTI... et l’autisme des partisans LMP devant la situation et le rejet de celui qu’on appelle de facon méprisante « le mossi ». Oui, en définitive, il faut rayer ses vieux shémas anticolonialistes et nationalistes qui se révèlent etre des diversions et des « couvertures ». Oui, il faut avoir le courage de regarder les faits. Et de dire la vérité.

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Paru dans CQFD n°85 (janvier 2011)
Par Jonathan Ludd
Illustré par Caroline Sury

Mis en ligne le 02.02.2011