Rubrique d’histoire.
« C’est un nouveau fort chabrol ! », expression désuète, un brin moqueuse, évoquant aujourd’hui une forme de panache, un peu vain mais si sympathiquement gaulois. Mais « fort Chabrol » ce n’était pas ça. C’était minable, vil et abject : un agitateur antisémite, aussi violent que près de ses sous, tient le siège face aux autorités. Devant un public conquis, il joue son dernier spectacle, avant de se taire, piteusement. Pardon ? Non, non, ce n’est pas celui-là ! Au temps pour moi… L’action se joue en 1899, en (...)
« Les hommes noirs nés aux États-Unis et assez chanceux pour être encore en vie à l’âge de dix-huit ans sont conditionnés à voir l’emprisonnement comme inéluctable. » George Jackson parlait en connaissance de cause : arrêté à 18 ans, en 1961, pour un larcin d’un montant de 70 dollars, il fut condamné à un an de prison « renouvelable », selon une curiosité juridique américaine, et ne devait plus jamais en sortir. Avec son camarade de détention, James Caar, il forme le Wolf Pack à San Quentin et se révèle un chef (...)
« Nous sommes les héritiers d’un merveilleux pays que les rois de France et leurs successeurs ont fabriqué peu à peu et que nous avons le devoir de protéger… On ne se rend pas compte à quel point la France sous la monarchie d’Ancien Régime, a été un miracle de cohésion : c’étaient des gens tellement différents et qui auraient dû s’opposer ! Pourtant, ils ont pu vivre ensemble sous l’égide d’un roi. » Lorànt Deutsch Un honnête historien professionnel se doit d’être quelque peu collectiviste. Il ne saurait en (...)
C‘est peu dire que les décennies 1920 et 1930 ont été politiquement agitées en Espagne : guerre coloniale dans le Rif, dictature de Primo de Rivera, soulèvement des Asturies en 1934 puis guerre civile et révolution le 18 juillet 1936. Mais l’un des épisodes les plus traumatisants de la brève histoire républicaine aura été une expérience de communisme libertaire à Casas Viejas, dans la province de Jerez, en Andalousie du 10 au 12 janvier 1933. L’Andalousie de l’époque est une terre sur laquelle la lutte (...)
« « – Henri : Quand on a vu arriver la troupe en face de nous et des soldats s’introduire en file indienne dans la foule, ce fut la surprise absolue. […] – Fernand : Des fusils brisés ? Eh bien oui, il y en a eu. On ne leur a pas pris pour leur tirer dessus, nous ! – Louis : Le fusil brisé, c’était l’emblème des pacifistes. » Le 9 novembre 1932, ils étaient là, les camarades de la Fédération des ouvriers sur bois et du bâtiment et bien d’autres. Dans la soirée, ils seront entre 5 et 8 000 à se masser (...)
Août 1913, Dublin. Toutes les discussions politiques tournent autour de la question de l’indépendance, de la défense de la culture et de la religion catholique. Mais, soudain, et seulement pour quelques mois, la question sociale supplante avec violence la question nationale, redistribuant les cartes politiques sur des bases jamais vues dans le pays et qu’on ne reverra plus. Tout commence avec l’arrivée à Dublin de James « Big Jim » Larkin. « God sent Larkin in 1913, a labor man with a union tongue (...)
Pendant une vingtaine d’années, la loi du 16 juillet 1949 a contrôlé étroitement les publications pour la jeunesse en stipulant qu’elles ne devaient comporter « aucune illustration, aucun récit, aucune chronique, aucune rubrique, aucune insertion présentant sous un jour favorable le banditisme, le vol, la paresse, la lâcheté, la haine, la débauche ou tous actes qualifiés crimes ou délits ou de nature à démoraliser l’enfance ou la jeunesse (article 2) ». La loi comprenait un article à visée protectionniste (...)
Le titre de cette chanson contestataire des années 1970, faisant écho au livre de l’historien anglais Christopher Hill, nous replonge dans l’univers renversé et renversant des mouvements de dissidence religieuse qui se sont épanouis pendant la période révolutionnaire anglaise, entre 1640 et 1660. Alors qu’Oliver Cromwell a pris la tête de l’armée du Parlement contre le tyran Charles 1er, défenseur de l’Église anglicane et suspecté de vouloir réhabiliter le catholicisme, le puritanisme protestant éclate en (...)
Dans un essai très stimulant, La Commune n’est pas morte, l’historien Éric Fournier explore la « plasticité mémorielle » de ce puissant catalyseur qu’a constitué l’insurrection parisienne de 1871. Marx, avec son panégyrique La Guerre civile en France, fut le premier à donner une interprétation politique à la Commune. Il en avait amplifié les « tendances inconscientes » (Engels) en la présentant comme « la première tentative faite par la révolution prolétarienne pour briser la machine de l’État ». Anarchistes (...)
Un demi-siècle avant les diktats de la « troïka », la Belgique essuyait déjà les plâtres de plans d’austérité tous voués à l’adoration sado-masochiste du Dieu Marché et de son dogme libre-échangiste. Résultat des courses : durant l’hiver 1960-61, le pays sera paralysé par une grève de cinq semaines, la « Grève du siècle ». Fin des années 1950, la situation économique du pays se dégrade et les premières grèves éclatent en Wallonie après que le gouvernement conservateur de Gaston Eyskens a tenté de fermer la moitié (...)