Les brèves du n°159

Par Nicolas de la Casinière.

Leçon de démocratie locale à Marseille

Jeudi 19 octobre 2017, les élus de la Métropole Aix-Marseille Provence se retrouvent en assemblée plénière, notamment pour aborder le cas du réaménagement de la place Jean-Jaurès (La Plaine), dans le centre-ville. Point 129 sur 191. L’ambiance est bon enfant, la plupart des points à l’ordre du jour sont adoptés un à un, sans débat. Quand Jean-Claude Gaudin, le président de l’assemblée, fait un commentaire, son parterre applaudit et l’opposition pousse quelques « Ouh-ouh ! ». Pourtant, ce matin, des dizaines de millions d’euros d’argent public sont dispatchés. Pour la place Jean-Jaurès, trois élus métropolitains et Gaudin himself se relaient. L’introduction revient au FN Jacques Besnaïnou, ancien cafetier qui, sans surprise, déverse sa haine du quartier populaire de La Plaine : « La place est délaissée, [...] le soir venu, des bandes, des trafics, de la prostitution se partagent l’espace entre bagarres, racket, bruit et saleté. […] Les habitants subissent. Et […] des militants idéologues et des bobos en ont fait leur quartier. » Conclusion logique : « Il faut un réaménagement complet sans attendre ». Au lance-flammes ?

Le communiste Marc Poggiale répond en évoquant les craintes d’« une gentrification à vocation touristique » exprimées par des habitants au moment de la concertation. Il se plaint aussi de la mise à l’écart des conseillers métropolitains et des Marseillais. Droit dans ses bottes, Gérard Chenoz, le patron de la Soleam (en charge dudit réaménagement), lui répond en se félicitant du travail accompli depuis 2015 : « Dix ateliers, un projet final concerté en mairie, 155 personnes reçues et 108 contributions ! » Et, goguenard, il ne manque pas d’embarquer dans son exercice d’auto-congratulation les opposants au projet : « Un centre-ville pour tous, le Front de Gauche, l’Assemblée de la Plaine, […] le tout inscrit dans un recueil de 37 pages, je ne peux pas être plus clair. » Oubliés les propos méprisants sur les sauvages à civiliser ou sur le peu d’intérêt de la concertation. Gaudin conclut les échanges en en faisant des tonnes, comme à son habitude lorsqu’il se trouve mis en difficulté : «  Vous vous rappelez ce qui se passait à Michel Levy [NDLR : rénovation et amputation au bulldozer d’un parc arboré en 2015]  ? Des gens montaient dans les arbres pour nous empêcher de faire un jardin public ! » Avant d’insister sur la nécessité d’un retour à l’ordre, concerté ou non. Avec la classe politique marseillaise, on arrive toujours à descendre encore plus bas sous le poids de la consternation. « Rapport 129 : adopté ! »

Gérald Perilli

La Rousse versus Petit Robert

« C’est la chair même du français qui est ainsi rongée, et son esprit qui se trouve frappé d’une sorte de bégaiement cérébral », s’est étranglé le poète et philosophe Michel Edwards au nom des croulant.e.s de l’Académie française. En ligne de mire de ce cri du cœur : l’écriture inclusive, qui offre un pied de nez égalitaire à cette grammaire permettant au masculin de l’emporter sur le féminin. Hey Edwards, comment on dit vieux clown en fille ?

Par Nardo.

Laurent Wau… qui ?

Non content de salir jusqu’au nom du grand Jacques en s’autoproclamant « Jacques Mesrine de la politique » et de la « droite vraiment à droite » (dans une interview au magazine Society), l’intrépide Laurent Wauquiez s’en prend courageusement à ses cibles favorites : ces feignasses d’assistés. « J’ai vu toutes ces situations qui nous révoltent, où un demandeur d’emploi pousse la porte de Pôle emploi pour trouver un emploi et on lui répond : “ Vous avez deux ans d’assistance chômage, ne vous pressez pas… Profitez un peu de la vie ! ”. Parce que cela, c’est la réalité ! », a-t-il éructé le 25 octobre lors d’un meeting. On rappelle juste au passage que ce type a cumulé treize ans de points de retraite pour deux mois de poste effectif au Conseil d’État. Peut-être que dans vingt ans, on dira « C’est un Laurent Wauquiez » pour désigner un cancrelat sans scrupule. Mais plus certainement, il aura rejoint la place qui lui revient… dans l’oubli et le néant.

Altermondialisme

En visite en Turquie début octobre, le président vénézuélien Nicolas Maduro a déclaré vouloir ouvrir une nouvelle ère de coopération avec Recep Tayyip Erdogan, avec lequel il dit partager une même vision : « Nous croyons en un monde différent, en un monde meilleur. […] Ceci n’est pas seulement possible, c’est nécessaire. » Un autre monde est donc possible… Sinon, y a pas l’option d’un autre autre monde possible, plutôt ?

Sans pour sans

Par Nicolas de la Casinière.

Facebook = Stasi

« Désolé de t’avoir dénoncé et pourri la vie, c’était juste une erreur de traduction. » C’est en substance les excuses qu’un cadre de l’équipe de traduction de Facebook a présenté le 23 octobre à un jeune ouvrier palestinien arrêté par la police israélienne suite à un commentaire posté sur le réseau social. Selon le quotidien israélien Haarezt, celui-ci avait publié un message qui commençait par « Bonjour », que le traducteur automatique du réseau social avait immédiatement traduit de façon erronée par « Attaquez-les » en hébreu et « Blessez-les » en anglais ! Comme quoi, le flicage, c’est simple comme bonjour.

Wall-E-Mart

Aux USA, la chaîne de supermarchés Walmart, déjà bien connue pour son anti-syndicalisme, ses très bas salaires, ses discriminations et on en passe, songe soudain au bonheur de ses rares employés. Pour leur éviter certains gestes trop répétitifs et inintéressants, elle a décidé que des robots, de gros R2D2 blancs et moches, scanneraient désormais les rayons, repérant les produits manquants ou les erreurs de prix. Ils transmettent ensuite les ordres aux employés. Tellement cool que sur les vidéos de pub, le personnel pose fièrement et amicalement avec le Terminator de leurs emplois et de leur autonomie.

Glypho-zat is the kuetchion !

Par Soulcié.

PKK : 2 - MIT : 0

Un véritable scénario de film que cette histoire d’enlèvement de deux hauts responsables des services secrets turcs par la guérilla kurde du PKK. Cet été, un ex-membre de l’organisation kurde faussement « retourné » a gagné la confiance du Renseignement turc (MIT), lui fournissant une info censée permettre la capture du leader kurde Cemil Bayik dans les montagnes du Kurdistan irakien. Mais les agents du MIT sont en réalité tombés dans un guet-apens savamment orchestré. Depuis, ils se trouvent entre les mains de la guérilla. « De fait, l’organisation kurde dispose à présent de sources inestimables et d’une monnaie d’échange tout aussi précieuse face à son ennemi turc », lit-on dans Le Monde, qui révèle l’affaire le 26 octobre. Bel est pris qui croyait prendre !

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