Dossier « Socialistes »

Le propre du socialiste au pouvoir est de salir tout ce qu’il touche

Mars 2016. Ce n’est pas sans plaisir que CQFD s’attaque aux « Socialistes » dans son dossier. En une, le dessin d’Aurel figure une rose dans un poing fait d’une jolie litanie d’insultes joyeuses. Tout le symbole de notre « amour » pour le PS ! Deux ans plus tard, Macron, LREM et ses affidés, derniers rejetons fin de race du vieux parti qui n’en finit plus de disparaître, sont au pouvoir. A part les noms des coupables qui ont, en partie, changé, ce dossier les concerne bien tout autant !
Par Aurel.

Le Parti socialiste est magique. On a beau ne rien en espérer, il parvient encore et toujours à décevoir ! À chaque petite phrase retorse, énième projet de loi ou nouvelle proposition de réforme, nous restons cois devant tant de bassesse. De félonie. De renoncement. Franchement, cela confine au grand art ! Mais ils sont payés pour ça : faire avaler les mesures scélérates que la droite n’osait pas dégainer par crainte de la rue. Eux peuvent se le permettre, puisque dans leur blaze il y a « social ».

Dans notre numéro post-élections présidentielles de 2012, nous fustigions l’arrivée à l’Élysée du PS et de sa clique, déjà convaincus qu’il n’y avait pas grand-chose à en attendre. « Un éléphant, ça trompe énormément ! », affirmions-nous en une, estimant que l’espace entre la « droite décomplexée » de Nicolas Sarkozy et la « gauche normale » de François Hollande avait l’épaisseur d’un bulletin de vote passé à la machine. Mais, à nous relire aujourd’hui, on découvre avec consternation que nos prédictions étaient bien en deçà du cynisme déployé depuis par leur offensive antisociale.

Et pourtant, c’était tellement prévisible. La gauche de gouvernement est toujours victime du syndrome Daladier. Vous savez, ce radical, ministre de la Défense du Front populaire, qui arrive au pouvoir en 1938 et décide d’« aménager » – pour ne pas dire détruire – la semaine des 40 heures. La société des loisirs et des bains de mer se réveilla de bonne heure au son de « Il faut remettre la France au travail ! ». À minuit moins dix dans le siècle, cette voix chevrotante s’accompagna d’un énième décret-loi visant les étrangers indésirables. Des camps de concentration s’érigèrent pour accueillir républicains espagnols, antinazis allemands ou autrichiens – souvent juifs – que l’on s’apprêtait à expulser dans « leurs pays ». Sur fond de montée des fascismes, Édouard Daladier fit de sa gestion droitière le paradigme d’une gauche perdue, sans valeur, et qui finira écrasée – ou absorbée – par l’État français du maréchal Pétain.

Ça, c’est la manifestation originale du syndrome Daladier. Aujourd’hui, son symptôme manifeste est à rechercher dans le projet de loi de réforme du Code du travail défendu par le ministère de Myriam El Khomri, et qui sied à nombre de députés de droite. À bien y regarder, ce projet est une synthèse de différentes études concoctées dans les think tanks libéraux. « Aménagement » de la semaine des 35 heures, plafonnement des indemnités prud’homales, facilitation des licenciements, priorité donnée à la négociation d’entreprise, accords dit « offensifs » en faveur de l’emploi – les accords collectifs ne sont plus là pour « défendre » les salariés, mais pour permettre une meilleure compétitivité des entreprises. Ces propositions, d’ordinaire avancées par les syndicats patronaux et leurs députés de droite, sont en passe de devenir l’étendard gouvernemental de la sacro-sainte liberté d’entreprendre contre tous les « conservatismes ».

Pragmatiques, les socialistes ? Ils le sont moins quand ils occupent les bancs de l’opposition : François Hollande, le 21 février 2006, apostrophait ainsi le gouvernement de Dominique de Villepin après le recours au 49-3 qui fera passer l’éphémère Contrat première embauche (CPE) : « Vous avez fait du code du travail le bouc émissaire de votre incapacité à créer de l’emploi et fait de son démantèlement l’objet même de votre politique. » Retour à l’envoyeur.

Le coup de l’opposition, c’est au tour de Martine Aubry de nous le servir. Rompue à la chose politique, la briscarde sait qu’un parti doit toujours proposer une alternative en son sein. En compagnie de lieutenants frondeurs, elle se délecte de l’opportunité offerte par la casse du droit du travail fomentée par ses collègues. « Trop, c’est trop ! » lancent les socialos contrariés qui ne se reconnaissent pas dans la gestion des affaires courantes par le gouvernement. Sans vergogne, cette ancienne directrice adjointe de Péchiney – boîte de l’industriel Jean Gandois, président du CNPF, ancêtre du Medef, de 1994 à 1997 – n’hésite pas, dans la tribune cosignée dans Le Monde1, à mobiliser la mémoire du mouvement ouvrier. Celui-là même que son parti, depuis sa création en 1969, s’est évertué à ne jamais représenter. Comment dire cela... ? Martine, nous n’y croyons pas deux minutes.

Car, après avoir décortiqué la politique du PS en matière d’économie, de social, d’urbanisme, de migration, de sécurité et d’environnement, nous sommes arrivés à cette conclusion : elle salit tout. Peut-être parce que le propre des socialistes au pouvoir sera toujours de nous mettre une sale droite.

Momo Brücke & Jean-Baptiste Legars

Au sommaire

Histoire => 1982-2002 : la lente agonie d’une illusion

Économie : Une vraie « gauche » de droite

Agonie d’un parti => En direct de Socialie... Avec des vrais bouts de socialistes dedans.

Socialisme d’affaires => Marseille de Defferre : La clientèle contre la commune

Socialisme de gentrification => Nantes : la vie en rose bobo

Sécurité : Quand la rose pique les idées de la droite

Immigration : Multiplier les contrôles des étrangers

Gauche coloniale : Le bon vieux vote des colonies

Guerre : Pourquoi ont-ils tué (deux ou trois fois) Jaurès ?

Économie => Précaires : le socialisme punitif

Médias : Censurer ou posséder, c’est toujours contrôler

Environnement : Moi président, l’écologie, je m’en fous !

Rage dedans => « Les socialistes tiennent ce qu’ils promettent. »


1 « Sortir de l’impasse », Le Monde, 24 février 2016.

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