Bass culture

La patrouille du bon son

Composé de Rootystep, de Mac Gyver et du toaster Pupajim – dont certains amateurs connaissent peut-être déjà les remarquables et entêtants titres « Business of war » et « TV addict » – le sound system Stand High Patrol, qui tourne déjà depuis une dizaine d’années, vient de sortir son premier album de dub breton, Midnight walkers, autoproduit sur leur label Stand High records.

Du dub breton ? Gast ! Alors du dub salé, car, c’est bien connu, le dub doux c’est pas vraiment du dub et ça n’a pas de goût. Mais attention, il ne s’agit pas d’une fusion douteuse avec des bouts de gwerz ou de Kan ha diskan et de ragga, non pas : Stand High Patrol mixe précautionneusement des sons reggae, dub, drum’n bass, hip-hop West Coast (Finistère oblige !), new-wave ou électro. Le trio sait associer des riddims minimalistes et glacés comme l’acier avec des mélodies plus chaleureuses, simples et efficaces. Le contraste entre l’accompagnement brut de décoffrage du digital à grosses basses et la voix douce, mélancolique, subtile et suave parfois comme du early reggae juvénile, demeure la marque de fabrique du trio. Rub a dub style, dancehall, en passant par le timbre Stalag, le chant navigue sur une palette de styles en variant harmonieusement selon l’humeur des compos, et le sujet reste toujours savamment maîtrisé. Les morceaux « Commando », « Brest bay », « Boat people » ou « The Big Tree » ont la puissance de véritables tubes à fredonner un dimanche matin en fin de piste sous un ciel brestois.

Car nos trois mousquetaires du Ponant restent des marcheurs de la nuit. À Brest, le rendez-vous mensuel de leur « Dubadub Residance », soirée organisée dans le cabaret mythique du Vauban, attire les foules avides de dance floor chauds bouillants. Stand High Patrol, c’est aussi le souci de faire partager la passion de la Bass Culture, des invités de marque défilent au rythme des soirées de ces dernières années, Echo Ranks, Dan Man, Kenny Knots, Martin Campbell, Murray Man ou encore Mc Jamalski... En live ça dépote grave, c’est riche, généreux et radicalement jovial. L’esprit festif, ici, c’est plutôt de se mettre dans un coin de la salle, installer le mur d’enceintes et les platines sur une table et offrir la scène et tout l’espace au public pour qu’il y circule en dansant jusqu’à l’aube. Un certain bon sens du renversement de perspective, dirons-nous ! Pour finir, il serait juste de souligner, en plus du contenu, le souci de la forme chez Stand High. La charte visuelle est soignée par Kazyusclef, grapheur graphiste qui imprime son style sur les affiches et les pochettes des vinyles – que l’on doit se procurer au plus vite.

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