Plutôt que de protéger les victimes de cette recrudescence des violences faites aux femmes, la réponse de la justice et du parti islamo-nationaliste au pouvoir est systématiquement de retourner la culpabilité, d’encourager les procédures de « réconciliation » au sein des familles et la clémence judiciaire vis-à-vis des agresseurs. Ainsi, le 17 novembre dernier, la majorité AKP présentait au Parlement une motion qui prévoyait l’annulation d’une condamnation pour agression sexuelle sur mineure si l’agresseur épousait sa victime ! Devant le tollé provoqué, le projet de loi a été retoqué et le gouvernement a cru bon de préciser que cela concernait exclusivement les mariages précoces consommés avant la majorité de l’épouse. L’intérêt caché d’une telle loi, dans un contexte de répression tout azimut, aurait été de libérer 4 000 places de prison… afin d’y placer les journalistes, les syndicalistes, les gülenistes ou les Kurdes s’opposant à la dérive despotique du président Erdogan.
Début juin, le « berger de son peuple » Erdogan, comme il se définit désormais, proclamait lors d’une campagne contre la contraception : « Rejeter la maternité signifie renoncer à l’humanité. Les familles fortes mènent aux nations fortes. » Il préconisait trois enfants au minimum par foyer. Déjà, en 2014, il avait déclaré : « Notre religion a défini une place pour les femmes : la maternité. » Religion, famille, patrie, un refrain dans l’air du temps… Mais quel sale temps !