L’édito du 190

Gérald, ses casseroles, ses ambitions et ses darmadrones

Chaleur aidant, la saison estivale entraîne souvent une surenchère médiatique autour des faits divers les plus spectaculaires. Cette année, le ministre de l’Intérieur s’est engouffré dans la brèche...

Au cœur de l’été, la camarilla politicarde a lancé la campagne pour les prochaines échéances électorales sur l’air du « tournant sécuritaire ». Rien de nouveau sous le soleil, au moins depuis Chirac et papy Voise1 en 2002 ! Fer de lance de cette agitation, le (toujours présumé innocent) violeur de la place Beauvau a sorti l’artillerie lourde pour occuper le terrain en suivant l’exemple de son idole Nicolas Sarkozy.

Chaleur aidant, la saison estivale entraîne une surenchère médiatique autour des faits divers les plus spectaculaires. Début juillet, les chaînes d’info en continu se sont repues des affrontements cosmmunautaires – pardon, « séparatistes » – à Dijon, du tabassage mortel d’un chauffeur de bus à Bayonne ou de la mort d’une jeune gendarme lors d’un contrôle routier près d’Agen.

Dès le 15 juillet, c’est le Premier ministre Jean Castex qui embraye à l’occasion de sa déclaration de politique générale, à grand renfort de « réponse ferme et sans complaisance » sur des « faits inacceptables qui exaspèrent les Français ». Il voulait sans doute parler des patrons qui se sont gavés en continuant à faire bosser leurs employés en chômage partiel... Le 24, Darmanin passe la première dans Le Figaro en affichant sa volonté de « stopper l’ensauvagement d’une certaine partie de la société ». La seconde est enclenchée le 28, devant la commission des lois de l’Assemblée nationale : « Quand j’entends le mot “violences policières”, personnellement je m’étouffe. » Bizarrement, la famille de Cédric Chouviat – mort le larynx écrasé malgré ses supplications aux policiers qui étaient sur lui – ne s’est pas jointe au concert d’applaudissements entonné par la plupart des syndicats de flics.

Fin août, le ministre de l’Intérieur est en vitesse de croisière, lui qui annonce à l’occasion d’un énième déplacement que « les trafiquants de drogue […] vont arrêter de dormir et […] laisser dormir les honnêtes gens ». Cette sortie, qui n’est pas sans rappeler, en mode mini-jet, le coup de « Kärcher » de son mentor, devait appuyer la généralisation de l’amende forfaitaire de 200 € pouvant désormais punir les consommateurs de cannabis et de cocaïne. Une mesure qui ne fera pas frémir les cartels de toute la planète mais, plutôt, les innombrables victimes de contrôles au faciès que la maison Poulaga pratique avec une rare régularité. Puis, après les débordements de liesse ayant marqué les Champs-Élysées lors de la victoire du Bayern de Munich en Ligue des Champions, le petit Gérald, révélant sa fascination pour les joujoux high-tech, a demandé à ses services de travailler à un cadre réglementaire permettant d’utiliser des drones pour identifier les fauteurs de troubles. Déjà déployés au printemps pour surveiller le respect des règles de sécurité sanitaire, les engins avaient été renvoyés dans leur niche préfectorale par une décision du Conseil d’État.

Mais il y a un sujet d’actualité estivale sur lequel Gérald Darmanin a montré beaucoup moins d’empressement. Dans l’affaire du brigadier Amar Benmohamed, qui avait dénoncé les insultes à caractère sexistes, homophobes et racistes de certains de ses collègues officiant au dépôt du palais de justice de Paris, le ministre de l’Intérieur a mis de côté son habituelle sévérité, assurant le service minimum en termes de menace de sanctions. C’est même au lanceur d’alerte qu’il s’en est pris, lui reprochant le caractère tardif de ses dénonciations.

De la mauvaise graine de président de la République, ce Gérald ! Sortons tout de suite le glyphosate.


1 Paul Voise, retraité orléanais, avait été agressé à son domicile trois jours avant le premier tour de la présidentielle. Ce fait divers avait suscité un écho médiatique d’une ampleur délirante.

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