Édito du 97

On y aurait presque cru, au discours endiablé de François Hollande, prononcé le 22 janvier dernier, au Bourget, lors de son premier meeting de candidat à l’investiture suprême. Il flottait dans l’air, paraît-il, comme un parfum de François Mitterrand d’avant 1981, voire de Jean-Luc Mélenchon. L’ex-maire de Tulle (Corrèze) a éructé que son principal ennemi, « n’a pas de nom, pas de visage, il ne se présentera pas aux élections et pourtant il gouverne… C’est le monde de la finance ! » Envoyez L’Internationale ! Hmmm… cela rappelle les plus chaudes universités d’été d’Attac.

S’il y en a qui, depuis ce 22 janvier, revoient leurs cours à la baisse, ce sont les requins de la finance. Le camarade François – du Parti socialiste (PS) – a sorti son harpon !

Pardon ? Vous dites ? François Hollande, du PS ? Comme Pierre Bérégovoy ? Ce ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie de 1984 à 1986, puis de 1988 à 1991, qui a, comme on lit dans L’Express1, « modernisé les marchés financiers » ? Celui qui a « supprimé l’encadrement du crédit […] et réduit les impôts des entreprises » ?

Jean-Charles Naouri, directeur du cabinet dudit Bérégovoy au ministère des Finances (aujourd’hui PDG de Casino), déclarait à l’époque : « Le marché financier français a connu depuis deux ans une profonde mutation, sans doute la plus profonde depuis de longues années. Quand on compare les caractéristiques de ce marché entre la mi-1984 et la mi-1986, on est frappés par la transformation totale du paysage financier et plus encore par la transformation des mentalités. Les débats, souvent passionnés, qui divisaient la place il y a deux ans, sont aujourd’hui périmés : tout le monde s’accorde sur les notions de concurrence, d’ouverture des marchés, de banalisation des produits2. »

François Hollande souhaite enchaîner les marchés ? Qu’il farfouille dans les archives de la rue de Solférino, il devrait y retrouver le vieux cadenas rouillé que ses camarades ont fait sauter il y a presque 30 ans.


1 L’Express, 6 mai 1993.

2 Citation dégotée par le journal Fakir, reproduite dans l’article « Les banques », août 2010.

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