Dans Osons l’utopie ! que viennent de lâcher dans la nature les vaillantes Éditions libertaires, Christian Dupont, le frigousseur du couillu Manifeste pour une mort douce, libre et volontaire (même éditeur), reconstitue avec pas mal de verve la vie courante des communautés rurales rebelles de France dans les années 1970.
On en dénombrait alors près de 500, surtout dans les départements du Sud. Nourri d’expériences personnelles, le récit du compère Christian s’intéresse à celles qui, refusant tout « repli narcissique » ou tout engluement dans le folklore baba, baignaient dans l’esprit hédonisto-offensif « tout, tout de suite ».
À retenir : Un, l’absence de toute ségrégation classiste. Deux, la rupture farouche avec la « bauge sociale » (pouvoir hiérarchisé, propriété privée, famille « binaire »…). Trois, le goût des expérimentations corsées. On peut toutefois regretter que Christian Dupont ignore les micro-communautés de combat du jour de style Tarnac. Et qu’il finisse niguedouillement son récit en appelant de tous ses vœux à « l’esquisse d’une nouvelle institution nous garantissant le passage d’une société close à une société ouverte ».
Comme son titre l’indique, La Vie dans les bois (Finitude) de Charles Lane prône en 1844, soit dix ans avant son aminche H.D. Thoreau, le retour à une existence naturelle à l’indienne narguant la sottise et la cupidité des hommes civilisés. Passant à la pratique, Lane cofondera une ferme communautaire fourriériste, Fruitlands, d’où l’on bannissait la famille et le couple mais aussi le café, le tabac, l’alcool et même le thé. L’une des deux seules nanas en sera exclue parce qu’on la soupçonne d’avoir mangé… un morceau de poisson.
Les utopistes en pétard de Carabistouilles, fiction de Léonard Taokao (Borderline) n’entendent mettre personne, eux, au régime végétalien car il s’agit « d’anarchos-cocos-autonomes buveurs de bières » (sic !) marchant sur l’Élysée en vue d’amorcer la Révolution un soir d’élections où le taux d’abstention a dépassé les 52 %. L’insurrection finit hélas dans un bain de sang « tout comme, tient à préciser l’auteur, la Commune de Paris, la Catalogne libre, la République de Fiume, Libertalia et les autres îlots pirates ».
La France devient alors « une prison de plein air » mais tout n’est pas foutu, les squats anarcho-punks du Nord-Est parisien organisent la résistance.