Conte cruel au Tchad

IL ÉTAIT UNE FOIS LE TCHAD, un des pays les plus pauvres de la planète, dirigé par Idriss Déby, un de ces dictateurs africains que la France officielle cajole. Pour ses habitants les choses ne pouvaient guère aller plus mal quand… miracle ! Non seulement il y avait de l’or noir dans le sous-sol du pays, mais la Banque mondiale acceptait de financer les infrastructures pétrolières, tandis que l’État tchadien s’engageait à consacrer la quasi-totalité de la manne à l’éradication de la pauvreté : 72% des revenus pétroliers devaient être consacrés à des secteurs prioritaires (santé, éducation, etc.), 4,5% devaient revenir à la région de production et 10 % supplémentaires devaient être mis de côté pour les générations futures.

Pourtant, la malédiction de l’or noir ne fut pas longue à frapper, le tyran jugeant que les achats d’armes nécessaires à son maintien au pouvoir étaient d’une priorité supérieure à la santé de la population, qui doit se contenter d’un médecin pour 28 170 habitants. Tant et si bien que le Tchad finit par dilapider 12 % de son PIB en dépenses militaires. La Banque mondiale, fort décriée par ses opposants, ne manqua pas d’être déçue par le prince charmant qu’elle s’était choisi afin de redorer son blason. En septembre, elle cessa donc son aide financière au secteur pétrolier tchadien. Heureusement que le malheur des uns fait le bonheur des autres, en l’occurrence les marchands de canons alléchés par le fromage. On ne sait trop quel langage tinrent les renards français ; pas de doute ils furent éloquents, les ventes d’armes made in France passèrent de 100 000 euros en 2006 à 5,4 millions en 2007. Moralité : Sarkozy et Déby se pacsèrent et ils eurent beaucoup de cadavres.

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