Rage dedans

Cacher le massacre

Le vendredi 30 mars 2018, des milliers de Palestinien.ne.s se rassemblent pour dénoncer le blocus imposé par Israël à Gaza. Des snipers de l’armée israélienne exécutent, là, seize manifestant.e.s. Cela porte un nom  : c’est une tuerie de masse. C’est, aussi – et cela vaut d’être souligné, car c’est au nom, précisément, de l’avulsion d’une « menace terroriste » qu’elle a été faite –, du terrorisme, d’après l’une des définitions que le dictionnaire donne de ce mot : « Emploi systématique par un pouvoir ou par un gouvernement de mesures d’exception et/ou de la violence pour atteindre un but politique. »

Cette exaction, envisagée sous l’aune des pratiques désormais ordinaires de cette armée –  qui avait par exemple tué dans Gaza, en 2008-2009, puis en 2014, deux milliers de civil.e.s –   n’est pas étonnante.

Le compte-rendu qu’en ont fait la presse et les médias français, par contre, surprend un peu – non par lui-même, mais parce qu’il est tout de même assez rare que les journalistes hexagonaux donnent à voir si nettement leur (ancienne déjà, mais toujours plus) écœurante propension à exonérer le gouvernement israélien de ses forfaitures par une atténuation délibérée de leur extrême gravité. Puisqu’en effet, ce qui s’est passé à Gaza ce 30 mars s’est d’abord résumé, selon ces si rigoureux professionnels, à des « heurts  », puis à de « violents affrontements » – qui par une minuscule concession au réel sont tout de même devenus, au fil des heures, et au fur et à mesure que le bilan du massacre s’alourdissait, un « face-à-face meurtrier », puis à la fin des fins un « vendredi meurtrier », sans qu’à aucun moment donc, les véritables meurtriers ne soient clairement désignés.

Car bien sûr – il est vertigineux d’avoir à le rappeler – , quand des tireurs d’élite assassinent froidement des manifestant.e.s pacifiques, il n’est pas question d’« affrontements », ni de « heurts » il s’agit d’un massacre (doublé, au cas présent, d’une violation délibérée du droit humanitaire). Ce n’est pas un « face-à-face », qui a tué seize Gazaoui.e.s. Ces Palestinien.ne.s ont été exécuté.e.s par des soldats israéliens, dont le ministre de tutelle – l’extrémiste de droite Avigdor Lieberman – a ensuite assuré, par un surcroît de mépris haineux, que ces tueurs « mérit(ai)ent une médaille ».

Mais pourquoi se contiendrait-il, quand il est assuré que des journalistes occidentaux devenus experts ès euphémismes s’appliqueront à nier avec lui qu’un meurtre soit un meurtre.

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