Ah, ça ira ?

Assiste-t-on au retour des vieilles peurs aristocratiques ? « On est en train de faire une guerre de tranchées, de revenir en 1789 : il faut arrêter de dire que les chefs d’entreprises sont des voleurs, des voyous, des gens malhonnêtes », estimait le marchand de lunettes made in China, Alain Afflelou, interrogé le 22 décembre. Un propos à peine tempéré par l’épicier Michel-Édouard Leclerc, le 26 décembre : « On a une fiscalité qui est revancharde […], on tient un discours à l’égard des gens qui ont de l’argent qui fait que, même si ce n’est pas 1789, il y en a plein qui vont se barrer. » Le 21 décembre, la reine Deneuve, très théâtrale, avait utilisé la première cette référence dans sa défense du gros Gégé contre le félon Torreton : « Qu’auriez-vous fait en 1789, s’indignait-elle, mon corps en tremble encore ! » Illico, Parisot, la taulière des patrons, avait trouvé l’analogie parlante et l’avait relayée : « Nous avons le sentiment aujourd’hui qu’on cherche à recréer quelque chose qui s’apparente à 1789, il faut bien mesurer à quel point c’est insupportable pour beaucoup de gens talentueux et c’est pour ça qu’ils sont amenés à partir. » La référence à 1789 est en passe de remplacer le spectre du goulag ou de la terreur pour dénoncer toute velléité de politique jugée confiscatoire envers ces malheureux nantis. Mais au fait, que s’est-il donc passé de si effroyable en 1789 ? Ah oui ! Un État en faillite, la prise de la Bastille, les châteaux qui brûlent, la fin des privilèges, les émigrés qui se barrent avec l’argenterie à Coblence et le peuple qui réclame du pain et la souveraineté. Allo, la section des piques ? Les affaires reprennent !

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